« Kaizen » : La controverse monte autour de l’exploitation des sherpas, alors que « personne ne connaît leur histoire »SportuneBébés et MamansMinutes Maison
«Ça fait vraiment le riche et ses esclaves derrière », « le livre d’histoire géo page 32 sur les inégalités au mur béton piscine droite terrain bidonville gauche », « j’espère qu’on mettra cette photo dans les livres d’histoire pour montrer à quoi ça ressemble l’esclavage au XXIe siècle ». Voici quelques posts lâchés ce week-end sur X par des internautes après la diffusion de qui revient son ascension réussie de l’Everest.
Après la sortie du film de 2h30, c’est un simple screenshot qui a fait l’actu. On y voit les sherpas portant une myriade de sacs derrière un Inoxtag tout sourire. Une l’indignation légitime ? « Personne en France ne connaît l’histoire des sherpas. Pour certains, c’est un rêve de monter. D’autres demandent à porter davantage de sacs quand certains aimeraient faire deux fois plus pour gagner plus d’argent », détaille . Avec son équipe de sherpas, ce Franco-Ecossais de 19 ans a réussi en juin dernier à atteindre le sommet du Cho Oyu dans l’Himalaya, le sixième le plus élevé du monde à 8.188 mètres d’altitude. En ouvrant en prime une nouvelle voie côté népalais, ce qui est un peu le Graal pour tout alpiniste.
Dépassement de soi etc pic.twitter.com/sNYM7yTvoj
— Raku ⭒๋࣭ ⭑ (@rakunborn) September 14, 2024
Et Alasdair Mckenzie ne comprend pas la controverse née du fameux screenshot, lui qui côtoie bien régulièrement les sherpas, ces « héros de l’Everest ». Alors, certes, « il y a toujours des excès. Certains alpinistes ne connaissent même pas le nom de leur sherpa », commente-t-il, saluant au passage la cohésion de l’équipe d’Inoxtag avec les Népalais en haute montagne. « Mais derrière une image prise sur une vidéo de 2h30, on ne montre pas qu’ils s’amusent, que pour certains c’est un rêve de faire cette ascension et qu’il y a du plaisir derrière leur travail », ajoute le jeune homme.
Car il s’agit bien d’un travail et non « d’esclavage », comme le soulignent beaucoup d’internautes. Les sherpas sont des guides de haute montagne et jouent le plus grand rôle dans l’ascension du plus grand sommet du monde dans un pays où l’économie est intimement liée à l’. La région, les conditions météorologiques et les itinéraires d’ascension n’ont aucun secret pour ces guides et porteurs, selon , spécialiste du trekking en montagne népalaise.
« Ne pas faire de généralités sur la vie des sherpas »
Si ces métiers sont aussi respectés et honorés, c’est, sans surprise, lié à la difficulté qu’ils représentent. Leur travail est extrêmement dangereux. Un tiers des 315 morts répertoriés en un siècle sur les pentes de l’Everest sont des sherpas, selon l’AFP qui rapporte des chiffres des autorités népalaises. Et tout cela pour un salaire moyen de 3.600 euros par saison (environ 600.000 roupies tibétaines pour les mieux payés) pour un coût de 60.000 euros pour l’alpiniste en moyenne, selon .
Et cela dépend du statut. Car, comme dans tout métier, il y a une hiérarchie : les porteurs, ceux que l’on voit courbés sous des kilos de sacs, gagnent en moyenne 13 euros la journée, tandis que le sirdar, le guide en « chef », et le naiko, le chef des porteurs, peuvent gagner près de 22 euros par jour. De la même manière, normalement, un porteur ne doit pas prendre plus de 30 kilos sur lui… tout ça, si l’alpiniste respecte les règles.
Toujours selon Alasdair Mckenzie, les mentalités changeraient au Népal où l’on « considère désormais davantage les carrières des sherpas et leur avenir ». Ces derniers ont d’ailleurs réussi en 2014 à obtenir 10.000 euros de versement aux familles en cas de décès, environ 2.700 en cas de blessures et une garantie de 4.500 euros maximum pour couvrir les frais de sauvetage en cas d’accident. Reste que, « comme partout, c’est du cas par cas, note notre jeune alpiniste. Vu de France, on ne peut donc pas faire une généralité des conditions de travail et de vie des sherpas, il faut y être pour les voir. »