Présidentielle américaine 2024 : Au Michigan, les Arabo-américains pourraient « sacrifier la démocratie » pour GazaSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Dans les larges rues de Détroit, au Michigan, l’Amérique se teinte de . Ici, les habitants peuvent se glisser sur des banquettes en skaï et savourer des spécialités ou irakiennes à tous les coins de rue. Parfois, les clients feuillettent The Arab American News, qui commente l’actualité américaine en anglais et en arabe. Disponible gratuitement devant les restaurants orientaux, le journal donne le ton sur sa . « L’intensité de la course à la renforce la voix électorale des Arabes et des musulmans du Michigan », écrit le journal, né il y a quarante ans.

Car dans cet Etat frontalier du , la guerre entre le Hamas et Israël, qui ressurgit désormais au Liban, est une question politique prégnante. Sur une terre où vivent 350.000 arabo-américains, les manifestations propalestiniennes ont enflé, les manifestants reprochant à Joe Biden et son administration leur soutien au régime de . Une épine dans le pied de , laquelle doit composer avec le bilan du président américain tout en arrachant un maximum de voix.

« Quand l’écart est faible, tout peut compter »

« Je pense que le vote de cette communauté peut-être décisif. Le Michigan est un swing state et on ne sait pas vraiment de quel côté la balance va pencher pour ce scrutin », analyse Marie Mallet, spécialiste des groupes minoritaires aux Etats-Unis. En 2016, Donald Trump était parvenu à arracher cet Etat bordé de lacs aux démocrates, avant d’essuyer un revers électoral quatre ans plus tard au profit de son adversaire, Joe Biden. « Les minorités sont des populations dont le vote varie, et on sait que l’on gagne une élection américaine sur les indécis. Quand l’écart est faible, tout peut compter », souligne Angéline Escafré-Dublet, spécialiste des questions d’immigration aux Etats-Unis.

Or, Kamala Harris ne part pas vainqueure au Michigan. Il y a quatre ans, ne l’avait emporté qu’à 150.000 voix d’écart. Les 350.000 voix de la communauté arabo-américaine du Michigan pourraient donc faire la différence. « C’est ici que l’association "abandonner Biden", devenue , est née », rappelle Blandine Chelini-Pont, professeure des universités à Aix Marseille. Pour la spécialiste des religions aux Etats-Unis, ces groupes sont « très médiatisés car ils demandent au gouvernement d’obtenir un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et l’arrêt des opérations militaires » qui ont causé la mort de plus de 41.000 personnes dans la bande de terre palestinienne, selon le ministère de la Santé du .

« Sacrifier la démocratie américaine »

A quelques encablures de Detroit, la ville de Dearborn bruisse de colère depuis un an. Dans le berceau de la plus grande mosquée des Etats-Unis, près de la moitié des habitants est musulmane. Toutefois, la question de est « plus géographique que religieuse », assure Angéline Escafré-Dublet. Une myriade d’Américains originaires du Moyen-Orient partage la même indignation sans pour autant partager le même dieu. « Globalement, les populations arabes ne sont pas pro-israélienne, peu importe leur confession », décrypte Blandine Chelini-Pont. Le maire de la commune de plus de 100.000 habitants, le démocrate Abdullah Hammoud, est l’un des symboles du désamour de cette communauté pour l’administration Biden.

Auparavant grand soutien du président, Abdullah Hammoud appelle désormais à s’abstenir lors du scrutin présidentiel pour contester le soutien de Washington à Tel-Aviv. En novembre 2023, l’édile est allé jusqu’à déclarer que « si sauver la démocratie veut dire soutenir le terroriste Netanyahou, alors ça vaut le coup de sacrifier la démocratie américaine ». , le soutien de cette minorité au parti démocrate est passé de 59 % en 2020 à seulement 17 % en 2023. Preuve de l’ampleur de la contestation, lors des primaires démocrates au Michigan, 100.000 personnes ont voté blanc, cinq fois plus qu’en 2020.

Les cols-bleus du berceau de l’automobile

Malgré cet inquiétant signal pour Kamala Harris, les Arabo-américains restent une minorité (environ 1 % de la population américaine, selon le recensement de 2020), même au sein de l’Etat du Michigan. Si l’on compare le chiffre de 350.000 au nombre d’inscrits sur les listes électorales en 2020 (environ 7,5 millions), cette communauté ne dépasse pas 5 % (4,65 %) de la masse électorale. « C’est un électorat qui s’est beaucoup fait entendre, mais la caisse de résonance a été plus importante que son poids réel », glisse Blandine Chelini-Pont. « Les élections sont rarement gagnées sur les minorités, abonde Angéline Escafré-Dublet. Il faut se méfier de l’arbre qui cache la forêt. » Une forêt d’usines, notamment automobiles.

Car l’Etat des Grands Lacs est le cœur de l’automobile américaine. , Ford, Chrysler… Les grands noms de la sacro-sainte voiture américaine sont nés et ont prospéré dans la région de . Or, la désindustrialisation a amené la pauvreté dans son sillage. Dans l’ombre des usines qui faisaient prospérer la région se dresse désormais un exode qui vide la ville de ses habitants, année après année. En 2013, la ville est la première à se déclarer en faillite dans le pays. « C’est un Etat où se concentre beaucoup de pauvreté, les candidats devront parler de relancer l’économie pour convaincre ici », avertit Marie Mallet.

« D’un point de vue stratégique, il ne faut pas oublier qu’une minorité rapporte une minorité de voix. Kamala Harris doit réussir à parler aux blancs du Michigan dans un Etat traditionnellement très mobilisé à travers les syndicats. Le tour de force de Donald Trump en 2016 avait justement été de convaincre ces milieux ouvriers », rappelle Angéline Escafré-Dublet. La candidate du parti démocrate devra donc trouver une ligne de crête pour calmer l’ire d’une communauté qui pourrait faire basculer un Etat dans les bras de Donald Trump, et donc 16 grands électeurs, sans oublier le cœur du Michigan, des cols-bleus entourés de lacs bleus. La candidate démocrate semble l’avoir compris. Le 19 septembre, elle a organisé un évènement à Détroit, au cœur du Michigan, animé par la célèbre animatrice Oprah Winfrey. De nombreuses personnalités Hollywoodiennes ont participé à ce talk-show de campagne. Reste à savoir si Meryl Streep, Julia Robert ou Jennifer Lopez suffiront à faire la différence…

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