Conflit au Proche-Orient : Gaza, Liban, Yémen… Qu’est-ce qui peut arrêter Israël ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Le triste anniversaire approche. Le 7 octobre prochain, commémorera la première année de . Plus de 1.200 personnes y avaient perdu la vie, 7.500 blessées et une centaine sont encore détenues. Depuis, la situation dans la région s’est également fortement dégradée. L’Etat hébreu a ouvert, en réponse, plusieurs théâtres de guerre dans la région.
D’abord dans la bande de et, plus récemment, dans le sud du Liban et au Yémen. Sans que rien, ni personne, ne semble capable de l’arrêter. Qui pourra mettre fin à cette escalade au Moyen-Orient ? 20 Minutes a posé la question à des spécialistes.
La communauté internationale comme solution ?
« Maintenir la paix et la sécurité internationales. » Voilà le premier but des Nations unies, écrit dès le premier chapitre . Pourtant, depuis près d’un an, l’ONU brille par son absence au sujet du conflit Israël-Hamas désormais étendu à une partie du Moyen-Orient. « Des déclarations sont faites, des résolutions prises mais elles ne sont jamais suivies d’effet », explique Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). « Vu qu’il n’y a pas de sanction, Israël entend les demandes de cessez-le-feu mais ne les écoute que très peu. »
Benyamin Netanyahou l’a encore prouvé depuis la tribune à New York la semaine dernière. « Jusqu’à ce qu’Israël soit traité comme les autres nations, […] l’ONU sera considérée par les gens justes comme rien de plus qu’une farce méprisante », a osé le Premier ministre. Il a aussi indiqué que les opérations de son pays se poursuivront « jusqu’à ce que tous [leurs] objectifs soient atteints ». Un discours véhément malgré de nombreux appel à faire taire les armes… « S’il y avait volonté au sein de l’, une majorité pourrait être atteinte pour agir », veut néanmoins croire Didier Billion. Il faudrait alors encore passer devant le Conseil de sécurité… où les Etats-Unis possèdent un droit de véto.
Les Etats-Unis, les « seuls capables » ?
La dernière sortie du secrétaire d’Etat américain dit tout de la position actuelle des Etats-Unis envers Israël. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah tué dans une frappe de Tsahal, était un « terroriste brutal » et le monde est plus « sûr sans lui », a dit lundi Antony Blinken… tout en disant vouloir continuer à œuvrer pour une solution diplomatique au Liban. « C’est un grand écart. Ils appellent au cessez-le-feu et réaffirment en même temps leur soutien à Israël avec de nombreuses aides militaires », souligne Laure Foucher, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). « Ils sont les seuls capables mais n’y sont pas du tout. Ils pensent aussi à se retirer de la région, à avoir une présence plus légère au Moyen-Orient. »
La raison majeure de ce double jeu ? Les liens qui unissent depuis toujours les deux pays. « Même si on voit que le soutien à Netanyahou n’est plus si évident que ça au sein de la communauté juive aux . Beaucoup le critiquent aussi », nuance Didier Billion, précisant quand même que « Joe Biden maintient l’alliance stratégique car Israël reste leur principal allié dans la région ».
L’imminence des prochaines élections outre-Atlantique, le 5 novembre, a aussi son importance. « Israël profite de ce timing pour avancer ses pions », assure Laure Foucher. Le résultat du scrutin ne devrait toutefois pas faire varier beaucoup les positions. « Si c’est Harris, la critique théorique verbale continuera. Si c’est Trump, il laisserait encore faire comme lors de son premier mandat. A l’époque, il avait même soutenu la politique coloniale de l’Etat hébreu », assure le directeur adjoint de l’Iris.
L’Europe a-t-elle des leviers ?
Comme souvent, l’Union européenne apparaît divisée au moment où elle doit trancher, notent les deux experts. « Elle est hors jeu », tranche Laure Foucher en expliquant que « les Européens ont des leviers mais ne veulent pas utiliser ». L’UE est tout simplement le premier partenaire économique d’Israël. Alors si elle menaçait d’arrêter ses importations… « Il suffirait de geler l’accord d’association », détaille Didier Billion, sans se faire d’illusion sur ce geste qui pourrait être fort. « Ça n’arrivera pas car il y a trop de divisions politiques entre les pays. Tous n’entretiennent pas du tout les mêmes relations avec Israël. Elles sont par exemple excellentes avec la Hongrie et la quand l’ et l’ ont reconnu la Palestine. Et je ne parle pas de l’Allemagne qui, en raison de son passé, ne dit rien. »
Et la France alors ? « Les solutions diplomatiques existent », a redit ce lundi le nouveau ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, en visite officielle à . Des mots qui ne semblent pas, non plus, avoir beaucoup de poids. « Nous ne sommes plus audibles et je le regrette », déplore le chercheur. « La France n’a aucun levier sur Israël », complète sa consœur.
Les pays arabes divisés
En raison des différentes religions et équilibres locaux, tous les pays arabes ne condamnent pas forcément les raids israéliens. « L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ne voient pas d’un mauvais œil la destruction du Hezbollah. A condition que la stabilité régionale ne soit pas bousculée », détaille la maître de recherches à la FRS. L’Iran, principal soutien du mouvement islamiste, est bien le plus véhément… mais pas trop quand même. « Les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l’agression du régime sioniste, et il n’est pas nécessaire de déployer des forces auxiliaires ou volontaires iraniennes », a dit ce lundi le porte-parole de la diplomatie du régime, Nasser Kanani.
Deux jours plus tôt, premier vice-président Mohammad Reza Aref avait lui averti que le meurtre du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah entraînerait la « destruction » d’Israël… Réponse de Netanyahou à cette menace ? « Il n’y a pas d’endroit au Moyen-Orient qui ne puisse être atteint par Israël. » L’Etat juif avance, sûr de ses forces actuelles « et ne s’arrêtera pas tant que les capacités du Hezbollah ne seront pas détruites », affirme Laure Foucher. « Israël est passé d’une logique de dissuasion à une logique de guerre d’attrition. » D’usure, sans que personne ne s’y oppose vraiment.