Etats-Unis : Quelque 40 ports de la côte est et du Sud bloqués par une grève historiqueSportuneBébés et MamansMinutes Maison
Les dockers des grands ports de la côte est et du Sud des ont entamé une grève historique mardi, une première depuis près de 50 ans. Ce , déclenché par l’échec des négociations de dernière minute entre leur syndicat, l’International Longshoremen’s Association (ILA), et l’Alliance maritime des Etats-Unis (USMX), marque un tournant à cinq semaines de l’élection présidentielle.
Harold Daggett, le dirigeant du syndicat qui regroupe 85.000 membres, a clairement indiqué la détermination des dockers à obtenir gain de cause. « Nous sommes prêts à nous battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève le temps qu’il faudra, pour obtenir les salaires et protections que nos adhérents méritent », a-t-il déclaré.
Un conflit qui monte en puissance
Le conflit s’est intensifié après l’expiration, lundi soir à 23h59, d’un accord social de six ans qui régissait les conditions de travail dans 36 ports, du Maine à la en passant par le . Malgré des discussions engagées depuis le mois de mai, les négociations sont dans une impasse. Les dockers, qui travaillent dans les terminaux de conteneurs et d’import/export de véhicules, avaient déjà prévenu que tous leurs membres se mobiliseraient dès mardi.
Le est intervenu, exhortant l’USMX à retourner à la table des négociations et à proposer une offre « équitable » aux travailleurs. Il a souligné que, pendant la pandémie, les compagnies maritimes avaient engrangé de larges bénéfices, et que les dirigeants ainsi que les actionnaires en avaient profité. « Il n’est que justice que les travailleurs, qui ont pris des risques pendant la pandémie pour maintenir les ports ouverts, voient leur salaire augmenter de manière significative », a-t-il affirmé.
La Maison-Blanche insiste sur la nécessité d’un accord
Malgré les tensions entre le syndicat et l’Alliance maritime, Joe Biden a écarté pour l’instant l’utilisation de la loi Taft-Hartley, une législation qui permettrait d’imposer un moratoire de 80 jours sur la grève, une mesure qui avait été employée pour des conflits similaires avant 1977. La Maison-Blanche a réitéré son appel à l’USMX, insistant sur la nécessité de conclure un accord « juste » qui reflète la « contribution importante » des dockers à la reprise économique du pays.
L’Alliance maritime, de son côté, a défendu son offre, en rappelant que celle-ci comprenait une hausse salariale « près de 50 % », alors que le syndicat réclamait une augmentation initiale de 77 %. « Nous avons démontré notre engagement à faire notre part pour mettre un terme à cette grève qui était évitable », a déclaré l’USMX, pointant du doigt le refus du syndicat de continuer les discussions.
De lourdes conséquences économiques
Les conséquences économiques de ce mouvement social sont potentiellement très lourdes. L’Institut Oxford Economics estime que chaque semaine de grève pourrait coûter entre 4,5 et 7,5 milliards de dollars au PIB américain, tandis que le cabinet Anderson Economic Group (AEG) a évalué que la première semaine de grève entraînerait une perte de 2,1 milliards de dollars, dont 1,5 milliard en marchandises perdues, notamment des denrées périssables. Pour le moment, certains secteurs comme le transport d’hydrocarbures, les produits agricoles et les croisières devraient être relativement épargnés.
Néanmoins, les conséquences sur la chaîne d’approvisionnement, notamment les sociétés d’import/export, sont significatives. Certains acteurs économiques avaient anticipé la grève en expédiant leurs marchandises en avance, tandis que d’autres ont choisi de détourner leur trafic vers les ports de la côte ouest, une option plus coûteuse en temps et en argent.
La côte ouest épargnée par le mouvement
En effet, les ports de la côte ouest, eux, sont couverts par un accord social distinct conclu en 2023, qui interdit toute grève. Cependant, des perturbations pourraient survenir en signe de solidarité avec les dockers de l’Est et du Sud. De plus, ces ports disposent de capacités limitées, ce qui pourrait compliquer l’absorption d’un surcroît de trafic.
Enfin, les ports canadiens, qui auraient pu représenter une alternative, sont eux-mêmes affectés par des mouvements sociaux, comme à Vancouver la semaine dernière ou à Montréal, bloqué depuis lundi.