Guerre au Proche-Orient : Pourquoi l’Iran prévient-il de ses frappes sur Israël avant d’attaquer ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
L’attaque était attendue, même espérée par les alliés régionaux de . Une pluie de quelque 200 missiles tirés par Téhéran s’est frottée au système de défense antiaérien israélien mardi soir. Les avaient prévenu leur partenaire de l’imminence de cette attaque, manifestement avertis du projet iranien. Si l’Iran dément avoir confié ses intentions à Washington, que la République islamique avait au moins prévenu la Russie.
Visiblement au courant, les autorités israéliennes ont été en mesure d’intercepter, avec l’aide américaine et française, « la majorité des missiles entrants », selon le Pentagone, déplorant « un minimum de dommages au sol ». Pour quelles raisons l’Iran a-t-il annoncé, comme ça avait déjà été le cas en avril, son offensive aérienne ?
Sauver la face sans déclarer la guerre
« Les autorités iraniennes ont fait passer un message, notamment aux Etats-Unis, analyse Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES) et auteur de Tsahal – Nouvelle histoire de l’armée israélienne (Perrin). Téhéran a finalement choisi de répliquer à la mort du chef du et du chef du , mais aussi d’un général iranien tué à Beyrouth, dans une frappe spectaculaire mais pas meurtrière, ce qui permet d’éviter une escalade incontrôlable entre et l’Iran » et de diminuer l’impact de l’agression.
Entre d’autres termes, après avoir été atteint dans leur crédibilité, il s’agissait de sauver la face et « restaurer une certaine dissuasion minimum conventionnelle tout en montrant que le guide suprême était toujours en charge des affaires », ajoute Pierre Razoux.
Ce mercredi, il n’y a pas eu de réplique le lendemain « on n’est donc pas dans une campagne de frappes quotidiennes », souligne Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, historien, stratégiste et auteur de L’Embrasement - Comprendre les enjeux de la Guerre Israël-Hamas (Perrin - Robert Laffont).
Avertir les pays voisins
En comparaison à la contre Israël, l’Iran est tout de même monté d’un cran en tirant deux fois plus de missiles, selon Washington et surtout en utilisant davantage de missiles balistiques, plus rapides et donc moins faciles à intercepter que les drones. « C’est donc une petite escalade mais surtout une frappe de démonstration », résume Michel Goya. Ainsi, en faisant le choix des missiles balistiques, l’Iran a pu « préserver une surprise tactique », ajoute le spécialiste.
L’autre raison qui explique cet avertissement en amont, c’est tout simplement la géographie de la région. Entre l’Iran et Israël, on compte près de 1.000 kilomètres de distance. Les missiles lancés depuis le territoire de la République islamique traversent nécessairement le ciel d’autres pays comme l’Irak ou la Jordanie au risque d’une « mauvaise interprétation des pays voisins qui pourraient déclencher leurs radars », pointe Michel Goya. Il s’agit alors d’éviter une riposte instantanée engendrée par un mal entendu.
Un risque considérable pour la République islamique d’Iran
Désormais, le Proche-Orient est dans l’attente , malgré les nombreux appels à la retenue au sein de la communauté internationale. Reste à savoir si comme en avril, l’Iran s’en tiendra là ou s’il répliquera à nouveau, ce qui plongerait potentiellement la région dans une guerre ouverte entre les deux pays ennemis. « Le dilemme pour Israël et les Etats-Unis, c’est qu’une riposte trop violente pourrait pousser le régime iranien à franchir le seuil de la pour dissuader toute nouvelle attaque sur le territoire iranien », tient à souligner Pierre Razoux.
Mais l’Iran a-t-il les moyens de tenir tête à Israël dans la durée ? Cette dernière attaque n’a pas été vraiment dissuasive pour le gouvernement de , qui peut au contraire saisir le bâton tendu par l’Iran. Et même si Téhéran a sans doute « les capacités pour frapper plus loin et plus fort », selon Pierre Razoux, « cette offensive donne à Israël l’opportunité et l’excuse d’attaquer avec force, ce qui est dangereux pour le régime de la République islamique. C’est un gros risque qu’a pris l’Iran », tranche Michel Goya.