Mexique : L’armée ouvre le feu sur un convoi et tue six migrants, « lamentable » selon la nouvelle présidenteSportuneBébés et MamansMinutes Maison
«C’est un fait lamentable et il doit faire l’objet d’une enquête et être sanctionné. » C’est ce qu’a déclaré la présidente mexicaine lors de sa conférence de presse quotidienne, 48 heures après son investiture mardi. Le même jour, six migrants sont morts sur une route du Chiapas, près du .
L’ex-maire de Mexico a, en réponse à une question, seulement indiqué que les six victimes étaient originaires d’Égypte, du Salvador et du Pérou et que les autorités mexicaines sont en contact avec les ambassades « pour apporter de l’aide aux proches des personnes qui sont mortes ».
Dix autres migrants blessés par les tirs
L’enquête à la charge du parquet général doit déterminer « comment se sont passés les faits, les responsabilités, s’il y a des responsabilités du commandement, ou seulement des soldats qui ont tiré ». « Semblable situation ne peut pas se répéter », a assuré la présidente de gauche, promettant des « mesures ».
Les soldats qui ont tiré « ont déjà été mis à disposition du parquet général de la République », a-t-elle rappelé après le communiqué du ministère de la Défense mercredi. Quatre migrants sont morts sur une route à 80 km de la frontière et deux autres sont décédés à l’hôpital, avait indiqué le ministère mercredi soir, sans préciser leur nationalité.
Les six victimes circulaient dans un convoi de trois véhicules parmi un groupe de 33 migrants de nationalités « égyptienne, népalaise, cubaine, indienne, pakistanaise », a indiqué le ministère. Dix autres migrants ont été blessés par les tirs et transférés par l’armée à l’hôpital, tandis que 17 sont indemnes, selon cette source.
« Détonations » ?
Vers 20h50, les soldats effectuaient des patrouilles de reconnaissance dans cette région du Chiapas gagnée par la narco-violence, quand ils ont croisé le convoi. Un pick-up roulait « à très vive allure » et a tenté de fuir en voyant les soldats, selon les militaires. Deux camionnettes du convoi ressemblaient à « celles utilisées par les groupes criminels de la région », se justifie l’armée.
« Le personnel militaire affirme avoir entendu des détonations, si bien que deux éléments (soldats) ont actionné leurs armes », selon le communiqué. D’après la police locale, les militaires ont poursuivi le convoi sur plusieurs kilomètres. Un des véhicules aurait fait une sortie de route en tentant de fuir.
Le ministère péruvien des Affaires étrangères a demandé au Mexique « une enquête urgente qui éclaircisse et détermine les responsables de l’acte condamnable », en annonçant mercredi soir qu’une des victimes était un ressortissant.
Trois agences des Nations unies (Réfugiés, Migrations, Droits de l'homme) ont exprimé leur « préoccupation ». « Il est indispensable d’avoir des voies légales d’accès, de transit et d’intégration pour éviter de telles tragédies » pour les migrants, soulignent-elles dans un communiqué.
Un plan national pour la sécurité
Connu pour le soulèvement indigène zapatiste anticapitaliste en 1994, le Chiapas est « un point chaud de la violence criminelle », indique le centre d’analyse Insight Crime dans une note du 27 août. Des mafias armées se battent « pour contrôler le territoire » à la frontière, « lieu majeur du trafic de la drogue et des migrants ».
La violence a augmenté « depuis 2021, avec l’incursion du cartel de Jalisco Nouvelle Génération dans des localités frontalières qui étaient dans le temps des bastions du cartel rival de Sinaloa », ajoute Insight Crime, citant « des rapports internes de l’armée ».
Claudia Sheinbaum doit présenter mardi son plan national pour la sécurité. Elue en juin, elle a rejeté lors de son investiture les critiques fréquentes concernant la « militarisation » du pays. « Nous sommes inquiets du rôle croissant que l’armée a pris dans la sécurité publique », avait souligné le bureau des droits de l'homme des Nations unies dans un message mardi saluant l’investiture de Claudia Sheinbaum, première femme présidente du Mexique depuis l’indépendance de 1821.
Des centaines de milliers de migrants traversent chaque année le Mexique , fuyant la pauvreté et la violence dans leur pays d’origine. En chemin, ils sont souvent victimes du crime organisé, d’extorsion de la part des autorités et d’accidents. Nombre d’entre eux voyagent cachés dans des camions bondés, soumis aux mauvais traitements des trafiquants d’êtres humains.