Election américaine 2024 : Harris vs Trump, les paris légaux sont ouverts, pour le meilleur et (surtout) pour le pireSportuneBébés et MamansMinutes Maison

A Las Vegas, Nevada,

Parier sur le résultat d’une élection en famille, entre amis ou entre collègues, rien de plus banal. Mais en vrai ? Aux , la possibilité pour les citoyens de parier légalement sur l’issue de l’ est devenue réalité avec la décision, mi-septembre, de la cour d’appel fédérale de . Dans ce qui est considéré comme un revirement majeur après près d’un siècle d’interdiction, le tribunal a ouvert la voie à des paris électoraux en statuant que ni la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), l’organisme de surveillance en charge de réguler ces marchés, ni le public « ne subiront de préjudice irréparable ».

Cette décision fait suite à un litige entre la CFTC et la plateforme de paris en ligne Kalshi. La CFTC avait tenté de bloquer la réouverture des paris de , arguant que cela compromettrait l’intégrité du processus électoral. Mais la cour en a décidé autrement. Pour sa défense, Kalshi a expliqué sa démarche en montrant l’importance de ses marchés, qui offrent des informations cruciales sur les probabilités des élections. Malgré plusieurs tentatives, la CTFC n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure de publier cet article.

Des paris jusqu’à 100 millions de dollars

Depuis cette décision, les Américains ont déjà parié près de 130 millions de dollars, avec et Kalshi en tête de ce nouveau marché. Dès l’ouverture des échanges mi-septembre, plus de 500.000 paris liés à la présidentielle ont été échangés sur Interactive Brokers, tandis que sur Kalshi, les investissements des joueurs ont atteint 300.000 dollars. Le a rapporté qu’un Français a même parié plus de 28 millions de dollars sur une victoire de Donald Trump via la plate-forme avec quatre comptes différents.

En additionnant les différents sites de paris, les parieurs du monde entier ont investi plus de 2,85 milliards de dollars. Enorme ! Cité par le Steve Sanders, vice-président senior d’Interactive Brokers, a commenté cette demande croissante en expliquant : « Le sujet de la politique est très chaud pour beaucoup de gens. Ils ont des convictions fortes dans un sens ou dans l’autre ».

Des cotes variables selon les sites

Les cotes varient considérablement d’une plateforme à l’autre. Au 25 octobre, par exemple, le site RealClearPolitics, qui compile les cotes de divers bookmakers, plaçait en tête avec une probabilité moyenne de 60 % contre 40 % pour Harris. Sur Polymarket, plate-forme offshore, Donald Trump affiche une cote de 65 % contre 35 % pour . Et selon le site de Kalshi, le républicain bénéficie d’une probabilité de victoire de 60 % contre 40 % pour son adversaire démocrate.

Selon le site de Kalshi, Donald Trump bénéficie d’une probabilité de victoire de 61 % contre 39 % pour Kamala Harris. - Kalshi

Et cet attrait des parieurs soulève de fortes préoccupations éthiques, notamment chez certains législateurs. Interrogé par Wired, le sénateur démocrate de l’Oregon Jeff Merkley a décrit cette décision comme « un cauchemar » qui pourrait, selon lui, être un moyen de manipuler l’opinion publique en influençant la perception des probabilités de victoire. « Pensez à ce pouvoir politique anonyme ou à ce pouvoir corporatif anonyme qui dit : "Non seulement nous voulons que ce candidat perde ou que cet autre gagne, mais nous allons parier sur celui que nous voulons voir gagner" », a-t-il déclaré.

Soutiens influents en faveur de cette décision

Le site Kalshi a su rassembler des soutiens influents pour sa cause, Parmi eux, l’Institut Cato, un think tank de droite, et la société de trading Susquehanna International Group, cofondée par Jeff Yass… l’un des principaux donateurs de Donald Trump. Son soutien, ainsi que celui de l’Institut Cato, a joué un rôle clé dans la bataille juridique de Kalshi, notamment en plaidant que la CFTC interprétait de manière erronée les lois sur les jeux d’argent en assimilant les élections à des jeux de hasard.

Certains observateurs craignent alors que de gros parieurs, et surtout de puissants soutiens financiers trumpistes, puissent chercher à manipuler les cotes pour créer un effet de boule de neige, influençant indirectement l’opinion publique et le résultat de l’élection. Selon ces détracteurs, les soutiens du républicain pourraient s’en servir en les opposant aux sondages qui sont, eux, bien plus serrés et souvent à l’avantage de Kamala Harris.

Un Français a même parié plus de 28 millions de dollars sur une victoire de Donald Trump via la plate-forme Polymarket. - Polymarket

Reste que pour les experts, les marchés des paris offrent une perspective unique sur les élections. Et selon Koleman Strumpf, professeur d’économie politique à l’université de Wake Forest, ils présentent l’avantage d’évoluer plus rapidement que les sondages scientifiques. « Aux XIXe et au début du XXe siècle, ces marchés étaient énormes, » explique-t-il au magazine Wired, ajoutant qu’il y a très peu de preuves historiques de manipulation.

Une vision plus dynamique que les sondages

Interrogé par le magazine , Thomas Miller, data scientist à l’université Northwestern et expert en prévisions électorales, explique que « les marchés de paris regardent vers le futur, et les recherches montrent qu’ils sont meilleurs que les sondages pour prédire les résultats des élections. » Selon lui, ils captent plus rapidement les évolutions de l’opinion publique, influencées par les débats, les meetings et d’autres événements médiatiques.

Cependant, malgré leur popularité croissante, ces paris ne remplacent pas les sondages classiques. Ryan Waite, vice-président de la société de conseil Think Big, a expliqué à Fortune que ces deux outils apportent une compréhension complémentaire du paysage politique. « Les sondages nous aident à comprendre ce que les différents segments d’électeurs pensent des candidats ou des questions, tandis que les marchés de prédiction peuvent fournir une vision dynamique de la manière dont le grand public pense que les choses vont se dérouler. Ensemble, ils donnent une image plus complète du paysage politique », conclut-il. Et vous, vous miseriez sur qui ? Donald Trump ? Kamala Harris ?

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