Guerre en Ukraine : Avec son incursion en Russie, l’armée de Kiev s’est-elle planté une épine dans le pied ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
A la surprise générale, est entrée en le 6 août dernier menant une dans la région de Koursk. Une opération stratégique et militaire saluée par les alliés de Kiev mais qui pourrait lui jouer des tours, notamment sur le front du où se déroulent les principaux combats. L’armée russe continue de gagner du terrain et se rapproche dangereusement de la ville stratégique de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk à l’est du pays.
Reprendre l’initiative
Mais l’armée ukrainienne n’avait plus vraiment le choix. Cela faisait des mois qu’elle subissait le par l’armée russe et n’avait pas tenté de mener une offensive. « Ne faire que subir dans une guerre ça devient désespérant, donc ils ont repris l’initiative », souligne Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, historien et stratégiste. « Ça n’a pas changé beaucoup de choses au rapport de force en soi, mais ça a changé le climat », résume-t-il.
Au-delà de sur leur propre territoire, l’incursion a également eu des retombées positives du point de vue politique vis-à-vis des alliés de l’Ukraine, « pour leur prouver que l’armée ukrainienne est encore capable de mener des opérations audacieuses, que le combat n’est pas complètement perdu », analyse Isabelle Dufour, directrice des études stratégiques chez Eurocrise. Cette offensive joue aussi sur le moral de la population et des troupes.
Elle offre l’occasion à Kiev de faire des prisonniers russes et surtout s’octroyer un bout de territoire qui lui permet d’avoir une carte en main à l’occasion du. Car les Ukrainiens ne semblent pas vouloir lever le camp de la région de Koursk puisque « des moyens d’ampleur y sont déployés, ils cloisonnent le district, ils ont l’air de vouloir défendre leurs acquis », observe Isabelle Dufour. Un choix stratégique « qui peut se discuter parce que ça va leur mobiliser des troupes en permanence ». Ce dont manque justement l’armée ukrainienne.
Au risque de perdre le Donbass
D’un point de vue tactique, l’Ukraine espérait sans doute que l’armée russe « procéderait à de grosses rotations », mais « cela n’a pas été vraiment le cas, car les Russes ne sont pas tombés dans le panneau », ajoute Isabelle Dufour. C’était donc un pari risqué qu’a tenté l’État-major ukrainien et « partiellement manqué », estime la directrice des études stratégiques chez Eurocrise. Malgré les gains obtenus, le revers de la médaille pourrait être salé.
« Cette offensive a peut-être affaibli au bout du compte le dispositif ukrainien dans le Donbass. Si ça oblige les Ukrainiens à consacrer beaucoup de forces pour défendre , le bilan peut être plutôt négatif », note à son tour Michel Goya. Les Russes conservent en effet l’avantage sur le front principal dans le Donbass et continuent d’avancer.
L’armée russe a revendiqué jeudi la conquête de deux nouvelles localités dans les régions de Donetsk et de Lougansk, se rapprochant de Pokrovsk, un important nœud logistique. « Un hub de transit pour les Ukrainiens, situé sur la route T054 qui réunit plusieurs villes et forme un arc défensif face aux Russes », explique Isabelle Dufour. La perte de cette ville serait un véritable coup dur.
Pour mieux revenir ?
A moins qu’il ne s’agisse d’un changement radical de stratégie militaire de la part de l’Ukraine. Et si Kiev avait décidé de ne plus défendre coûte que coûte le Donbass « pour faire un combat plus mobile, où ils seront moins sous le feu de l’artillerie russe, quitte à abandonner un peu de terrain et y revenir plus tard ? », s’interroge Michel Goya. Une hypothèse qui est pour le moment impossible à confirmer.
En attendant d’y voir plus clair, la guerre se joue également à l’arrière du front où « il y a les opérations de mobilisation, d’organisation des forces, de constitution de nouvelles brigades, de renforcement de l’équipement, ça travaille des deux côtés », avance l’historien. « Est-ce que l’armée ukrainienne est en train de monter plus vite en puissance que l’armée russe ? C’est ça qui va déterminer l’avenir du conflit », conclut-il.