A la Fête de l’Humanité, les « cocus » des législatives se sentent « trahis », mais la lutte continueSportuneBébés et MamansMinutes Maison

A la Fête de l’Humanité (Essonne),

Un bel arc-en-ciel surplombe le festival. Comme si l’on pénétrait dans le monde enchanté de la France de gauche. La voilà réunie comme un seul homme, contrairement à ses représentants politiques, à la , qui rythme ce début de week-end frisquet de septembre sur l’ancienne base aérienne 217, dans .

Un stand à la Fête de l'Huma, vendredi 13 septembre 2024. - Cécile de Sèze / 20 Minutes

Une parenthèse pour ces festivaliers, loin des méandres du pouvoir. « J’en ai vu d’autres, mais la démocratie en a pris encore un coup, comme d’habitude », souffle Jean-Marc. Le retraité de 64 ans ressent la nomination de à comme une « trahison ». « Du dégoût », « désespérant », « une déception », « on nous l’a fait à l’envers »… Comme lui, celles et ceux que 20 Minutes a abordés dans les allées terreuses et bruyantes de la grand-messe politico-musicale de la rentrée sont restés pantois devant le choix , même si aucun n’a été vraiment surpris.

« Foutage de gueule »

« Ce qui me vient, c’est un foutage de gueule, lance Marie, étudiante fraîchement diplômée en psycho. Ce choix ne respecte pas ce qui a été voté, et ça fait un peu peur pour la suite ». La jeune femme de 22 ans se dit frustrée car « au moment des résultats des , il y a eu un gros soulagement, qui au final n’avait peut-être pas lieu d’être ». « On se sent un peu les cocus de l’affaire », résume Sophie, 63 ans, venue avec sa fille Louise, 30 ans.

D’autant que les législatives ont mobilisé les foules. Près de 60 % des électeurs se sont déplacés dans les urnes pour s’exprimer, répondant ainsi à la main tendue par Emmanuel Macron quand il a . « On se dit qu’on a voté pour un parti qui est arrivé en tête, on y a cru, on a attendu… et à la fin on nous l’a mis à l’envers. On se dit "à quoi bon voter ?" », interroge Ivi, 24 ans, qui travaille à l’AP-HP.

Un petit shot à la santé d'Emmanuel Macron à la Fête de l'Humanité, vendredi 13 septembre 2024. - Cécile de Sèze

C’est une question qui revient souvent dans nos échanges. Que reste-t-il pour s’exprimer si le vote n’est pas entendu ? « Les gens se sont bougés, les jeunes se sont mobilisés, et là on leur dit que ça ne sert à rien. Ils vont faire quoi la prochaine fois ? », martèle « Puce », une bénévole du venue des Côtes-d’Armor. « Il va falloir trouver d’autres moyens pour s’exprimer », estime également Jules, 22 ans, qui étudie les sciences politiques à .

« On craint les divisions »

Même si Robert, 83 ans, n’est pas « content de la décision », il estime qu'« il fallait s’y attendre ». Echarpe rouge au cou, le retraité en a vu d’autres, des coups fourrés en politique, et n’attend rien du nouveau chef du gouvernement ni de ses futurs ministres. Il espère néanmoins que les députés de gauche réunis sous la bannière du et élus aux législatives sauront garder les rangs serrés et faire fi de leurs désaccords.

L'avenue Gisèle Halimi à la Fête de l'Humanité, vendredi 13 septembre 2024. - Cécile de Sèze

Ça semble mal parti, observe Jules. « On sent que la gauche implose un peu, on se demande si le NFP va tenir, c’est un peu flou. On n’est pas dupe », souligne-t-il. « Le problème, c’est que c’est un mouvement hétéroclite, on a souvent été déçus », abonde Robert, qui fait appel à son expérience de militant. Une appréhension largement compréhensible quand on regarde le divorce actuel , notamment. Pourtant, ils auront besoin de faire bloc pour « faire barrage », espère Jean-Marc, qui se doute que « ça va être compliqué » à l’Assemblée.

Mais si le haut du panier est divisé, la gauche du terrain tente de tenir bon. Celle des militants, des électeurs, plus ou moins politisés. Au milieu des odeurs de saucisses grillées et de galettes au sarrasin, les festivaliers affichent de grands sourires et ne semblent pas avoir perdu complètement espoir. « C’est pour ça que c’est frustrant : il y a des dizaines de milliers de personnes qui sont prêtes à fonctionner ensemble, à faire des concessions, malgré nos divergences. C’est là-haut que ça coince », analyse Jules.

Faire bloc jusqu’à 2027

Sophie, enseignante retraitée venue de Nantes, aimerait « qu’ils essaient de faire leur travail de députés, de porter ce pour quoi ils ont été élus. D’une part pour le programme, de l’autre pour faire front contre le  ».

« Les députés de gauche, il va falloir qu’ils fassent des motions de censure, mais ça ne va pas être facile », ajoute la bénévole du Parti communiste. Alors, selon cette Bretonne de 55 ans qui rêve d’une « grève générale », « ils n’ont plus qu’à attendre une autre dissolution, ou à se préparer à 2027 ». 2027 ? Florent, 38 ans, qui travaille pour Action contre la faim, prédit qu'« il ne va rien se passer jusque-là ». Mais 2027, c’est loin, et Louise, malgré sa trentaine à peine entamée, « n’a aucun espoir pour la suite ».

En attendant, le soleil et la bière tentent de réchauffer les cœurs. Tous prévoient de faire un peu la fête pour oublier, avant la gueule de bois de lundi matin et les prochains . Jean-Marc prévient : « De toute façon, il faudra des manifs ».

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