Futur Premier ministre : « La nouvelle vague du PS »… Qui est Karim Bouamrane, cité un temps premier ministrable ?
Il a attiré l’attention de la presse internationale, du , en Allemagne, à , en Espagne, et jusqu’outre Atlantique, où son portrait a fait à la faveur des . Maire de Saint-Ouen depuis 2020, le socialiste Karim Bouamrane, 51 ans, a vu ces derniers jours son nom apparaître comme potentiel capable d’emporter le soutien de la Macronie. « Il n’y a pas de sujet », ce mercredi Karim Bouamrane.
« Je suis socialiste, j’ai soutenu le Nouveau Front populaire () et donc je soutiens », laquelle « doit être nommée Première ministre », a-t-il également affirmé. Une précision faite à l’avant-veille de la réception par d’une pour trouver une issue à l’impasse politique sortie des urnes en juin dernier.
Tout en appelant à « un compromis global » pour « éviter l’instabilité institutionnelle », Karim Bouamrane émerge comme un visage du renouveau du PS. « Une nouvelle gauche de gestion », introduit à 20 Minutes , qui décrit Karim Bouamrane comme « très républicain, anti-communautariste et contre l’enfermement politique. La première fois que je l’ai rencontré il était simple secrétaire de section à Saint-Ouen et j’ai été frappé par son discours singulier sur l’égalité réelle, refusant les discours misérabilistes et soutenant que les banlieues aussi avaient le droit au beau », se remémore le premier secrétaire du PS entre 2014 et 2017. Il en avait alors fait un des porte-parole de son parti.
La confrontation et le contraste du « beau » du centre de Paris et du « laid » de l’immeuble et du quartier décrépit de Saint-Ouen où il est né de parents immigrés marocains illettrés, Karim Bouamrane l’a très tôt constatée. Cela nourrit son parcours de self-made-man qui le conduit des bibliothèques de sa ville aux Etats-Unis où il s’emploie dans l’industrie naissante des internets avant de revenir au pays diriger des entreprises et surtout se lancer en politique.
Une jeunesse communiste
D’abord au parti communiste qui tenait la ville de Saint-Ouen et l’essentiel de ses voisines de Seine-Saint-Denis. Il y est alors élu conseiller municipal en 1995 peu après avoir rejoint le PS. « Nous avons commencé ensemble, j’étais jeune élu d’opposition et lui dans la majorité communiste », se souvient William Delannoy, maire de Saint-Ouen entre 2016 et 2020 avant de retourner à l’opposition, défait par Karim Bouamrane. « Il s’est centrisé au fil du temps », a pu observer l’ancien maire UDI qui voit en lui quelqu’un « capable de faire le grand écart et qui semblerait être prêt aujourd’hui à aller jusqu’à la droite ».
Une évolution idéologique commune à de nombreux responsables politiques qui ont fait leurs classes chez les communistes soutenue par une forte ambition que William Delannoy lui a toujours connue. « Peut-être était-il aussi plus simple ainsi dans une ville qui était dirigée par le PC depuis soixante-dix ans que d’attendre dans l’opposition », suppose l’élu centriste qui décrit par ailleurs « une personne agréable, sympathique, opportuniste mais pas arriviste et qui s’est construit tout seul ».
« Il a ce contact extrêmement facile, cet art de se mettre en avant, de fédérer. Il est aussi excellent en communication – ce qui n’est pas une critique de ma part », relève Karine Franclet ancienne principal de collège à Saint-Ouen et actuelle maire UDI d’Aubervilliers qui siège avec lui à l’agglomération. « Lorsque j’ai été élue à Aubervilliers après plusieurs décennies de communisme, Karim Bouamrane m’a dit : “Moi la table était déjà mise, toi tu l’as renversée” », poursuit-elle.
La guerre des gauches à Saint-Ouen
Une table municipale autour de laquelle il a limité le temps de parole de l’opposition sur le modèle de celui de l’Assemblée nationale. « Il a un peu muselé l’opposition et il y a quand même une différence entre l’Assemblée et ses 577 députés et les 45 conseillers municipaux de Saint-Ouen », regrette William Delannoy. Une méthode quelque peu autoritaire qui fait écho à sa prise de pouvoir sur le PS de sa ville. Lors des élections municipales de 2014, Karim Bouamrane conduit la liste du PS et refuse de se désister dans l'entre-deux-tours, offrant la ville à l’UDI par cette triangulaire et mettant fin à sept décennies de communisme municipal. Un maintien contre l’union des gauches qui avait créé au sein du PS local la discorde,.
Mais les municipales de 2020 venaient et Karim Bouamrane parvenait à ranger la gauche derrière lui dans un entre-deux-tours à rallonge marqué par le Covid-19. Avec les JO de Paris en ligne de mire, le nouveau maire allait prendre une nouvelle envergure et son discours sur le beau rencontrer un certain écho. Des logements du village olympique sortaient de terre, de même que le nouveau siège du conseil régional d’Île-de-France dont l’installation définitive à Saint-Ouen a été concomitante avec son élection. Passionné de sport, admiratif du footballeur brésilien Sócrates et du sprinteur américain Tommie Smith, Karim Bouamrane lance la rénovation du stade Bauer, où joue le club populaire du Red Star, qui n’était pas aux normes pour la Ligue 2. Le maire convainc également visant à accompagner les jeunes sportifs.
La nouvelle vague de maires de banlieues du PS
Pour certains de ces projets, il récolte les graines plantées par son prédécesseur et avec d’autres il poursuit la transformation de la ville gagnée par la gentrification. Aussi, Karim Bouamrane accompagne la restructuration du PS. « Il est resté lorsque nous étions au fond du trou et il fait partie de cette nouvelle vague qui s’est construite avec Mathieu Hanotin (maire de Saint-Denis), Stéphane Troussel (président l’agglo), Hélène Geoffroy, (maire de Vaulx-en-Velin) », souligne Jean-Christophe Cambadélis pour qui Karim Bouamrane est politiquement « de la même veine qu’un Glucksmann ».
Autant dire un homme politique capable d'incarner la gauche sans nécessairement passer par la case LFI. Car si dans son ascension municipale et politique Karim Bouamrane n’a jusqu’alors pas eu besoin de composer avec les Insoumis, sa montée sur la scène nationale révèle d’autres rapports de force. « Il est quand même toujours resté prudent avec LFI et n’a pas non plus soutenu une candidature PS face Éric Coquerel dans sa circonscription », relève Jean-Christophe Cambadélis.
L’homme semble se laisser toutes les portes ouvertes, sans céder aux sirènes élyséennes qui voyaient en lui quelqu’un capable de tenter l’aventure d’un gouvernement d’union nationale allant du PS aux LR, avec la Macronie au centre du jeu. Mais en proposant dans son interview à La Voix du Nord que « le futur gouvernement doit être représentatif du poids de chacune des formations républicaines », Karim Bouamrane soumet un plan table qui mettrait sa formation au centre du jeu. A chacun son tour de mettre le couvert.