Gouvernement Barnier : Des inconnus à tous les postes et aucun poids lourd, est-ce un problème pour gouverner ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Soyez « irréprochables et modestes ». Michel Barnier a réuni ce lundi . Les trente-neuf ministres et secrétaires d’Etat se sont retrouvés à Matignon « autour d’un café pour mieux se connaître », avant de se retrouver pour un premier dans l’après-midi.
Antoine Armand à l’Economie, à la Justice, Gil Avérous aux Sports… Un gouvernement « de crise » au complet, mais sans véritables cadors. , , et les autres poids lourds qui ont quitté le navire ont été remplacés par des inconnus du grand public. Mais est-ce vraiment un problème pour Michel Barnier ?
Oui, la bataille se gagne aussi dans l’opinion
Sans figures marquantes, le gouvernement Barnier perd beaucoup en notoriété. , seule Rachida Dati est présente dans le top 20 (en 5e position, avec 48 % de bonne opinion). Sébastien Lecornu aux Armées (19e, 41 % d’opinions favorables), à l’Intérieur (34e, 34 %), aux Territoires (45e, 30 %) et Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique (47e, 29 %) sont les seuls autres noms qui apparaissent… dans le top 50. Un atout en moins pour l’exécutif.
« Si vous n’avez pas de ministres bien identifiés auprès du grand public, qui peuvent être reconnus dans une matinale par exemple, ça peut être un problème pour défendre l’action du gouvernement », estime Benjamin Morel, docteur en Sciences politiques de l’ENS Paris-Saclay.
Non, il n’y aura pas trop d’ego à gérer
Mais depuis 2022, l’action gouvernementale a aussi été régulièrement polluée par les ambitions de macronistes, qui se rêvaient déjà calife à la place d’Emmanuel Macron. Avec Gabriel Attal, Bruno Le Maire, Edouard Philippe, voire Elisabeth Borne à l’extérieur de l’action gouvernementale, Michel Barnier s’évite le panier de crabes ingérable au quotidien.
« Des figures trop fortes peuvent vous damer le pion et vous fragiliser. Barnier n’a souhaité avoir aucun présidentiable dans son équipe », remarque Benjamin Morel. « Il n’y a d’ailleurs pas de super ministère, comme de grand ou de ministère des Sports élargi. Les dossiers chauds comme le Budget ou l’Outre-Mer sont aussi rattachés à Matignon », ajoute-t-il. Le chef du gouvernement l’a d’ailleurs : « Le choix, c’était de dégager l’action des deux ans qui vienne le plus possible de ce qui va se passer ensuite avec l’élection présidentielle. »
Oui, car l’Assemblée s’annonce bouillonnante
Reste qu’avoir des ministres expérimentés ne peut être qu’appréciable au moment de défendre des projets de loi dans la bouillonnante . Pour faire face à des oppositions qui ne leur promettent aucun cadeau, mais aussi pour convaincre les élus du camp présidentiel. « Quand il faudra défendre des textes polémiques, par exemple sur l’immigration, qui risque de faire voler en éclats la majorité, le problème d’incarnation peut se poser », indique Benjamin Morel.
On se souvient des psychodrames du dernier projet migratoire, pourtant porté à bout de bras par Gérald Darmanin en fin d’année dernière. Les nouveaux ministres auront d’autant plus fort à faire qu’ils retrouveront sur les bancs face à eux… les poids lourds de l’ancien gouvernement.
Non, car c’est un gouvernement en sursis
« Avant même que j’aie ouvert la bouche, avant même que j’aie dit quelle serait la politique du gouvernement, on m’a dit ''on va censurer !'', je le regrette », a pesté Michel Barnier dimanche soir sur France 2. Mais face à cette menace, la « nobodysation » des ministres n’est pas forcément un mal. « La question centrale pour ce gouvernement, c’est de ne pas être renversé et de faire voter un budget avant la fin de l’année », rappelle Benjamin Morel. « Vu la situation complexe à l’Assemblée, avoir des ministres qui marquent peu, donc qui n’irritent pas les oppositions, peut finalement être un avantage », poursuit le politologue. Ou l’art de ne pas faire de vague pour éviter la tempête.