Intelligence artificielle : Souveraineté, deepfakes et protection des auteurs… Les gros dossiers du nouveau gouvernementSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Ce n’était peut-être pas la nomination la plus attendue - à en juger sa place dans la liste - mais ce n’est pas la moins importante. Le secrétariat d’Etat au numérique voit, cette fois, de nombreux changements opérés en son sein. A commencer par sa tête. Contrairement à sa prédécesseuse Marina Ferrari, désormais déléguée au tourisme, est une figure connue de la French Tech, si ce n’est son ancienne directrice.

Autre grande nouveauté, le secrétariat d’Etat a quitté les bureaux de Bercy pour rejoindre le . Quitte à ce que son intitulé soit changé en rajoutant le terme très actuel d'« intelligence artificielle ». « Le terme méritait sa place au gouvernement car nous avons besoin d’un encadrement éthique », se réjouit l’anthropologue et chercheur en intelligence artificielle Paul Jorion, également auteur de l’Avènement de la singularité, aux éditions textuel.

« Devenir un sujet de réflexion »

L’enthousiasme est partagé par les experts du secteur, à commencer par Mahasti Razavi, avocate au cabinet August Debouzy, spécialisé dans les nouvelles technologiques. « Le fait d’intégrer le terme "intelligence artificielle" dans le gouvernement permet de démontrer une certaine modernité où les technologies sont centrales. La thématique - compliquée et pleine de controverse - va devenir un sujet de réflexion à la fois technique et politique », analyse l’avocate.

Pour Isabelle Bordry, cofondatrice de Retency, une société spécialisée dans la protection des données, le choix de Clara Chappaz est également une bonne nouvelle en ce sens. « La nouvelle secrétaire d’Etat a une connaissance des acteurs et des enjeux qui va lui permettre d’embrasser les forces et les faiblesses des uns et des autres ».

Assurer la souveraineté

Il faut le dire, les enjeux sont nombreux, à commencer par l’attractivité du secteur sur le sol français et, de fait, sa souveraineté. « Un des premiers sujets va être la compétence de nos ingénieurs », résume Isabelle Bordry. Car la France est très peu compétitive dans le domaine face à des géants américains. Excepté peut-être Mistral, désormais considéré comme une licorne française. « Aujourd’hui, de nombreuses critiques sont formulées sur le fait que les algorithmes sont produits par les Américains et sont donc façonnés avec leurs règles, explique la cheffe d’entreprise. Mais si nous étions extrêmement attentifs au fait de faire grandir une génération d’ingénieurs à la pointe de ce qu’il se fait, nous aurons l’opportunité de créer des règles qui respectent notre culture et nos libertés publiques ».

Un point que rejoint Maître Mahasti Razavi : L’intelligence artificielle ne peut pas grandir sans écouter les différentes voix de l’économie. « C’est un sujet extrêmement compliqué et il faut trouver le juste milieu entre les différentes parties prenantes ». Car ici, deux clans s’opposent, sinon plus. D’un côté, ceux qui militent pour la libéralisation des usages afin de mieux développer les outils. De l’autre, le milieu culturel - mais pas seulement - frileux de céder leurs droits. « Le fait d’avoir identifié le sujet de l’intelligence artificielle est central veut dire qu’on va pouvoir trouver des solutions pour concilier les intérêts et des uns et des autres », souligne l’avocate.

Et pourquoi pas aux Armées ?

Pour les experts, ce travail ne pourra pas se faire sans un coup de main européen. « C’est un sujet qui entraîne une forme de sensibilité politique complémentaire, parce que l’ensemble des réglementations des pays vont probablement impacter nos entreprises françaises et européennes », explique Maître Mahasti Ravasti. Un fait qu’acquiece Paul Jorion. « Un pays ne va pouvoir réserver pour lui-même ses inventions. Nous avons compris qu’il fallait mettre tout ça ensemble », explique le chercheur qui compare ces recherches au spatial ou à l’homéopathie.

Contrairement à Isabelle Bordry qui se réjouit du passage de à la recherche, Paul Jorion reste prudent. « Si vous regardez aux , la recherche fondamentale dans ces domaines a été faite dans les entreprises et non dans les universités, parce que les chercheurs y sont quatre fois mieux payés ». Fallait-il alors déplacer le sujet de l’intelligence aux Armées, par exemple ? En effet, la France affirmait, en juin dernier, vouloir devenir en et dans le top trois mondial.

A plusieurs reprises, a également annoncé être de mieux en mieux armé , un autre sujet brûlant qui attend Clara Chappaz. plus de la moitié des Français se disent inquiets des images modifiées par IA. 57% ont peur d’être victimes de trucages, contre 64 % chez les plus jeunes. Un chiffre similaire (62 %) craint même que des contenus générés par intelligence artificielle soient utilisés lors de la campagne présidentielle de 2027. Trois ans suffiront-ils pour réguler tout un secteur auparavant sous les radars ?

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