Gouvernement Barnier : Sur l’immigration, l’« hyper ferme » Bruno Retailleau pourra-t-il vraiment faire ce qu’il dit ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

D’une formule, a résumé la ligne qu’il entendait tenir place Beauvau. « J’ai trois priorités. […] La première, rétablir l’ordre. La deuxième, rétablir l’ordre, la troisième, rétablir l’ordre », a-t-il lancé lundi, lors de la passation de pouvoirs avec Gérald Darmanin. Nommé deux jours plus tôt au ministère de l’Intérieur par Michel Barnier, l’ancien patron des sénateurs Les Républicains a fait de l’insécurité et l’immigration ses deux priorités.

« Un policier n’est pas une assistante sociale, un délinquant n’est pas une victime, un pays n’est pas un hall de gare »,. Des débuts tonitruants, aux accents sarkozystes, qui pourraient vite se heurter à des principes de réalité, et notamment la crispation du camp présidentiel.

« Pas de baguette magique »

Au cours de ses multiples sorties médiatiques cette semaine, Bruno Retailleau a indiqué vouloir utiliser « tous les moyens » pour réduire l’immigration, évoquant l’augmentation des expulsions, le rétablissement du délit de séjour irrégulier, la réforme de l). « Il essaye de marquer son territoire, incontestablement. Mais il faut faire attention avec les déclarations tonitruantes car il n’y a pas de baguette magique sur ces sujets. Il y a des questions diplomatiques, de droit, cela demande du temps… », rappelle un proche de Gérald Darmanin.

au Bois de Boulogne, dont le principal suspect est un Marocain visé par une obligation de quitter le territoire français, a relancé le débat sur la difficulté d’application des OQTF, autour de 7 % en France contre près de 30 % dans l’Union européenne. Bruno Retailleau a promis « d’augmenter considérablement » le taux d’exécution de ces mesures d’éloignements, lequel se heurte bien souvent au refus des pays d’origine. « Il y aura des négociations diplomatiques fortes à mener, mais on peut donner des consignes fermes aux préfets, avoir plus de moyens budgétaires, travailler sur la rétention des étrangers concernés », énumère Eric Pauget, député LR des .

Bagarre avec le garde des Sceaux

Le ministre de l’Intérieur a également évoqué des mesures pour faire « évoluer l’arsenal juridique ». Un activisme qui plaît forcément à son ancienne famille politique, désormais membre de la coalition gouvernementale. « On a besoin d’un ministre de l’Intérieur hyper ferme, dont l’action fait écho aux attentes des Français », poursuit Eric Pauget. Qui pourrait s’appuyer sur un tout récent sondage Odoxa pour Le Figaro, selon lequel les trois quarts des Français interrogés approuvent les mesures proposées par le nouveau locataire de la place Beauvau. « Ce ne sera pas simple mais on a des leviers d’action, sur les reconduites aux frontières, la réforme de l’AME, reprend Eric Pauget. Certaines mesures de la dernière loi immigration censurées par le ne l’ont été que sur la forme, donc on doit pouvoir avancer… »

Avancer, mais avec qui ? Les coups de menton du premier flic de France n’ont pas été du goût d’une partie du camp présidentiel. A commencer par son homologue à la Justice, , qui n’a guère apprécié entendre Bruno Retailleau réclamer un « changement de politique pénale ». « Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est essentiel dans une démocratie », a déclaré l’ancien député socialiste. Après plusieurs jours de tirs croisés par médias interposés, les deux hommes ont été convoqués à Matignon. « Il n’y a pas eu de recadrage particulier », a tenté de rassurer l’entourage de Bruno Retailleau à l’AFP.

« Retailleau n’est pas forcé de jouer les gros bras »

Au sein des macronistes, on ne souhaite pas du tout rouvrir le débat migratoire, qui avait fracturé . « J’avais une gêne de le voir au gouvernement… Et là, il est rentré plein fer sur ces sujets sensibles, sans chercher de points d’équilibre avec sa majorité, regrette Erwan Balanant, député MoDem du . Il faut apporter des réponses aux Français mais sans populisme, sinon ce sera sans nous », tranche-t-il. Chez les macronistes, donc, le style du très droitier sénateur de agace.

, l’ancienne porte-parole du gouvernement, a profité de la passation de pouvoir lundi pour tacler le nouveau locataire de Beauvau. « Il n’y a pas de Français de papier mais bien des tout court », a-t-elle affirmé, alors que le ministre avait utilisé en février 2022 cette formule historiquement ancrée à l’extrême droite. « On est dans une nouvelle ère, il faut apprendre à composer avec des gens qui ne sont pas de notre famille politique. Il y a des mesures à prendre mais ce n’est pas nécessaire d’insulter une partie de la population française », dit-elle ce jeudi. La députée des ajoute :

« « Monsieur Retailleau n’est pas forcé de jouer les gros bras sur les plateaux, il n’a pas gagné les élections. Et il va vite se heurter à une réalité qui s’appelle l’Assemblée nationale ». »

Une manière de rappeler à Bruno Retailleau qu’il ne trouvera pas toujours dans l’Hémicycle les moyens de ses ambitions. « La droite n’est pas soluble dans le macronisme », disait l’intéressé. Sur les questions régaliennes, au moins, l’inverse semble tout aussi vrai.

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