Gouvernement Barnier : Ce qui nous a tenus réveillé dans le discours de politique générale du Premier ministreSportuneBébés et MamansMinutes Maison
A l’Assemblée nationale,
Le problème lorsqu’on marche sans cesse sur des œufs, c’est qu’on ne peut pas trop se mouiller. Le discours de politique générale du , qui se définit lui-même comme étant sur « une ligne de crête », a donc été un sommet de sobriété et de consensualisme. Pas d’annonces tonitruantes, pas de mesures chocs, et une prime au « compromis », « écoute-respect-dialogue » répété à l’envi et à l’ennui et des actes à venir bien flous - « Ce qui marche sera poursuivi, ce qui ne marche pas sera reconsidéré ». Merci, ça valait le coup de passer une tête à l’Assemblée.
« Objectivement, c’est nul », nous confient plusieurs journalistes politiques à l’expérience bien plus rodée que la nôtre. Ni la voix chevrotante du Premier ministre, ni les punchlines ratées - « Le mot compromis n’est pas un gros mot » - ni les références littéralement au XXe siècle - Michel Rocard, Simone Veil, « avec qui je suis très fier d’avoir partagé un gouvernement », - n’avait de quoi réveiller les foules. Et quand on vient d’un groupe avec seulement 47 députés à , ça fait short le fan-club pour appuyer à tout rompre nos mesures.
Ajoutez à ce discours plus proche d’une berceuse que d'« I have a dream » l’absence du traditionnel vote de confiance, seul enjeu qui aurait pu nous faire vibrer et réveiller les foules. On était donc venu dans l’hémicycle armé de notre oreiller et de nos meilleures vidéos ASMR, mais heureusement, on a quand même trouvé cinq choses pour rester réveillés.
Les happenings et contestation LFI :
L’avantage d’un Premier ministre aussi contesté, c’est que le volume sonore qu’on perd en applaudissement et en ovation, on le récupère en contestations et moqueries. Tout à commencer dès les premières minutes du discours, avec un happening où les députés ont brandi leurs cartes d’électeurs, manière de rappeler leur sentiment d’une « élection volée ». Les décibels ont continué à monter tout au long des annonces de Michel Barnier ou presque, avec des brouhahas, des rires gras et des commentaires cyniques. Notamment par Hadrien Clouet, député LFI, qui a raillé le moment où le Premier ministre passait à sa deuxième partie : « Ce discours sera plus long que son mandat. »
Plusieurs membres du NFP ont taxé le chef de Matignon de « soporifiques ». Les contestations sonores se sont tues lors de la dernière partie du discours, à croire que plusieurs ont réellement piqué du nez.
« La nécessité du rappel de l’Etat de droit »
Une sévérité à deux vitesses ? Le néo ministre de l’Economie, , s’était fait taper sur les doigts par Michel Barnier, pour avoir sorti le RN de l’arc républicain lors d’une interview. Un coup de fil énervé de Matignon plus tard et hop, le ministre faisait machine arrière. Mais après cette première crise gouvernementale, l’absence de réaction de autour des déclarations du ministre de l’intérieur , qui avait évoqué un « Etat de droit ni intangible ni sacré », faisait grand bruit.
Après deux jours de mutisme, le Premier ministre a donc choisi l’Assemblée nationale pour rappeler indirectement à l’ordre son ministre. Michel Barnier a ainsi évoqué dans son discours « la nécessité du rappel de l’Etat de droit ». Moins direct et rapide qu’un coup de fil, mais plus public. « Un rappel salutaire », confie un député Macroniste, « inquiet par les propos du . »
Les (quelques) ovations de la Macronie :
Un peu timide, et n’étant pas le premier groupe à l’Assemblée pour la première fois depuis 2017, Ensemble Pour la République n’a pas enflammé le discours de Michel Barnier. Seul moyen pour le Premier ministre d’obtenir des applaudissements de leur part : vanter le bilan des gouvernements précédents, notamment sur la baisse des émissions de CO2, franchement salué par le centre.
A la fin du discours, le camp présidentiel a tout de même applaudi le Premier ministre, mais sans se lever. Sorte de « en même temps » du soutien. Certains députés ont toutefois apporté un soutien plus appuyé devant les micros : « Je suis plutôt rassuré par le discours qui a rappelé nos grands principes. On doit lui faire confiance ».
Le discours de Marine Le Pen :
Succédant au , c’est une plus ferme, plus invective, voire plus écouté et entendu que l’homme de , qui a déclamé son discours. Le message est on ne peut plus clair : si le Rassemblement national a indiqué ne pas censurer pour censurer et attendre de voir, il compte tenir les rênes du gouvernement. Ainsi, elle a demandé qu’une nouvelle loi immigration soit votée d’ici 2025, une annonce peut-être plus retentissante à elle seule que tout le discours de Michel Barnier.
La guéguerre Macronie-LR :
Si on pouvait s’attendre à une paix tacite entre LR et Ensemble pour la République, seul moyen de prolonger le mandat de Michel Barnier, quelques tacles ont émaillé dans chaque camp. Ainsi, a très directement accusé les gouvernements précédents d’avoir déréglé les comptes publics. « On n’a pas de leçon à recevoir ni d’Attal ni du camp Macron. Ce n’est plus leur gouvernement », a résumé un député LR.
Les deux camps semblent déjà en opposition, notamment sur les impôts des entreprises, Michel Barnier plaidant pour davantage taxer les « grosses entreprises », là où a rappelé que c’était, selon lui, une erreur. L’ex-Premier ministre a d’ailleurs déclaré qu'« aucun soutien n’était acquis. » Ouf, malgré ce discours un peu mollasson, on ne risque pas de s’ennuyer à l’.