Gouvernement Barnier : Mais pourquoi les macronistes sont-ils si hostiles aux augmentations d’impôts ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
«Il n’y a pas de choc fiscal. » a tenté de rassurer l’Assemblée nationale mardi . Déjà sous pression, le Premier ministre a dressé quelques pistes pour faire baisser le déficit public de 6 % du PIB cette année à 5 % en 2025. Parmi elles, des hausses d’impôts « ciblées, exceptionnelles et temporaires » a-t-il précisé dans l’hémicycle. Cette annonce a fait hurler les macronistes, , qui a dénoncé ce jeudi un budget « inacceptable ». Mais pourquoi le camp présidentiel est-il si hostile aux augmentations d’impôts ?
Un marqueur depuis 2017
Depuis l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron et ses soutiens ont fait de la baisse des impôts un marqueur politique. « On a envie que ce gouvernement réussisse, mais on a mis sept ans à construire patiemment de la stabilité en baissant les impôts. Attention à ne pas rompre la confiance fiscale, avec un mauvais signal qui pourrait », prévient Mathieu Lefèvre, député Ensemble (ex-Renaissance) du Val-de-Marne, et proche de Gérald Darmanin.
L’augmentation évoquée par le gouvernement de l’impôt sur les sociétés, qui avait été ramené de 33 % à 25 % sous Emmanuel Macron, est également dans le viseur des macronistes. « Nous n’accepterons pas d’augmentation d’impôts ou taxes qui casserait la dynamique depuis 2017 de croissance, de réindustrialisation, de création d’emploi »,Sylvain Maillard, l’ancien patron du groupe à l’Assemblée.
Une manière de se démarquer
Le gouvernement a pris soin de préciser ce jeudi que les mesures envisagées ne cibleraient que « les plus fortunés des plus fortunés » et qu’il n’y aura pas d’augmentation généralisée de l’impôt sur le revenu. « On parle de 0,3 % des ménages […], qui touche des revenus d’à peu près 500.000 euros par an », a indiqué ce jeudi Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget sur France 2, comme pour apaiser les craintes macronistes. Mais cet épisode ne fait qu’illustrer les tensions entre Michel Barnier et les cadres de l’ancienne majorité. C’est aussi de cette coalition gouvernementale.
« Il faut rétablir les comptes publics, mais sans aller vers des mesures faciles, il faut respecter nos marqueurs », souffle une députée Ensemble. Pour Gabriel Attal ou Gérald Darmanin, l’objectif est également de rappeler au Premier ministre que le pouvoir est désormais davantage dans l’hémicycle qu’à Matignon. « La droite n’a pas gagné les élections, nous sommes le groupe pivot, le plus important de cette coalition. Il faut repartir du travail parlementaire qui a déjà été fait », ajoute l’élue macroniste. « On est dans le gouvernement, on le soutient, mais on ne se sent aucune obligation », résume un élu du MoDem.
Un gage donné à la gauche ?
Ce débat sur les taxations agace Gérald Darmanin, qui y voit un point donné à la gauche. « On retourne dans l’ère socialiste de François Hollande », a soupiré l’ancien ministre redevenu député, . A l’inverse, la gauche sourit. « Ça m’amuse », a ainsi réagi Manuel Bompard. « Pendant les législatives on nous a dit : "Surtout pas le NFP, !" Maintenant, ils se rendent compte qu’il faut taxer plus fortement les plus riches », a raillé le coordinateur de La France insoumise .
Même si la « potion » de Michel Barnier, à hauteur de 20 milliards d’euros, est bien différente du programme du NFP, elle a eu pour effets de remettre sur le devant leurs propositions. Les députés écologistes ont notamment plaidé ce jeudi pour une taxation sur trois ans des entreprises pétro-gazières, qui « doivent payer » les conséquences de la crise climatique. Ce serait une ironie de l’histoire que Michel Barnier trouve finalement, pour boucler son budget, des alliés de ce côté de l’Assemblée.