Budget 2025 : Faut-il craindre un budget d’austérité façon Grèce 2010 ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Quinze plus tard, le traumatisme plane toujours sur . Impossible de parler d’un d’ sans réveiller les fantômes de . En 2010, c’est un pays au bord de la faillite qui présente, sous le pilotage du , des mesures radicales. Entre autres, une augmentation de la de quatre points, la diminution des salaires des fonctionnaires et des retraites de 10 %, un recul de cinq ans de l’âge de départ à la retraite et une baisse drastique des : de 130 milliards annuels en 2009 à 90 milliards en 2014. Entre se serrer la ceinture et étrangler son économie, il n’y a qu’un pas, et la Grèce ne s’est jamais totalement relevée de cette politique.
Alors quand le Premier ministre,évoque à son tour en France un déficit « hors de contrôle », une situation budgétaire « très inquiétante », et la nécessité de « réduire les dépenses », le spectre grec ressurgit. Vraiment ?
Situation moins critique, mesure moins extrême
Si la situation économique de la France est de l’avis de tous inquiétante, avec une dette équivalente à 110 % du PIB et un déficit de 6 %, elle est sans commune avec celle de la Grèce de l’époque : un déficit de 13,5 % et une dette qui a atteint plus de 150 % du PIB.
Surtout, Athènes avait plusieurs boulets aux pieds qui rendaient la situation insoluble, rappelle Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au Bureau d’informations et de prévisions économique. Le pays comptait entre autres problèmes insurmontables une économie très peu diversifiée, des ménages fortement endettés, un dérapage budgétaire longtemps caché et une note dégradée de BBB + par les agences de notation, avec à la clé des taux d’intérêt beaucoup trop hauts pour s’en sortir.
Conséquence de cette situation cataclysmique, le FMI et la avait accordé un prêt, à l’époque de 110 milliards d’euros sur trois ans, contre la série de manœuvres citée plus haut. Les décisions prises ne venaient donc pas des politiques grecques, mais directement du . La France n’en est pas là, et va donc avoir droit à un traitement beaucoup moins lourd. « Les mesures prises sont sans aucune mesure avec celle de la Grèce en 2010 », rassure d’emblée Stéphanie Villers, macro-économiste à PwC.
L’exemple emblématique des retraites
Le budget de la France prévoit de dégager 60 milliards d’économie sur la seule année 2025. Parmi eux, 20 milliards devraient venir non pas d’une baisse des dépenses mais d’une hausse des taxations sur les plus fortunés du pays : 65.000 foyers fiscaux et 300 entreprises, selon les chiffres du Premier ministre.
20 autres milliards doivent venir des réductions de la . Ainsi, l’une des pistes évoquées par le gouvernement est de décaler de six mois l’indexation des retraites à l’inflation. Les pensions augmenteraient à partir de juillet et non plus de janvier. Une mesure déjà annoncée comme un « choc » en France, critiquée par toute l’opposition - du Nouveau front populaire au –, mais tout de même à des années-lumière de la réduction des pensions de 10 % de la Grèce en 2010. En France, l’austérité, ce n’est pas baisser les retraites, c’est les augmenter moins rapidement. « On est très loin d’une austérité à la Grèce », martèle Anne-Sophie Alsif.
La France qui aime jouer avec le feu
Enfin, 20 milliards seront issus de la réduction du budget de l’Etat. « Mais c’est étrangement le seul plan que Michel Barnier n’a pas encore détaillé », raille Stéphanie Villers, qui voit déjà chaque ministère se battre pour être épargné. Pour la macro-économiste, l’inquiétude n’est pas un budget trop austère, mais plutôt pas assez. « Combien de discours politique a-t-on entendu sur une réduction des dépenses pour au final voir, à la fin de l’année, une hausse de celui-ci ? ». A commencer par l’ancien locataire de Bercy, et ses 357 annonces de « fin de l’argent magique », sans jamais y parvenir.
« On peut se trouver toutes les excuses du monde, mais 6,2 % de déficit, ce n’est pas normal. D’autant que nous ne sommes plus en situation de crise comme avec le Covid-19. D’ailleurs, la majorité des pays européens parviennent à tenir leur budget, sauf nous », s’inquiète Stéphanie Villers. Heureusement sans trop de conséquences pour le moment… « La France joue avec le feu en se disant qu’elle ne sera jamais sévèrement punie par le marché. Peut-être a-t-elle raison, mais attention à ne pas se brûler ».