« C’est contre nos valeurs »… Pourquoi certaines librairies refusent de proposer le livre de Jordan BardellaSportuneBébés et MamansMinutes Maison
Ce que je cherche, de , sort le 9 novembre prochain aux éditions Fayard. Mais vous aurez beau chercher, dans la vitrine de cette librairie généraliste indépendante de , vous ne trouverez pas le livre du chef du parti d’extrême droite du . « C’est contre nos valeurs. Tout simplement », indique Louise. De manière générale, cette librairie n’est pas « estampillée politique » mais « là, c’était évident ». « Et puis, ce n’est pas du tout le genre de lecture de notre clientèle », appuie-t-elle.
Cette libraire se sent même « soulagée ». « Il y a trois semaines à peu près, le représentant de la maison d’édition nous avait proposé de commander un ouvrage ''sous X'', en imposant une quantité. On ne savait pas qui était l’auteur ni ce que le livre racontait », se souvient-elle.
« Jordan Bardella sait qu'il ne fera pas ses plus gros chiffres avec nous »
Louise signale qu’il arrive « fréquemment » d’avoir des propositions « sous X », par exemple, de journalistes auteur ou autrice qui voudraient être « protégés ». « On a refusé, on ne voulait pas prendre le risque que ce soit l’ouvrage de Jordan Bardella. On a eu d’ailleurs eu de la chance de discuter entre nous pour s’en rendre compte, lance la libraire. Il y a sûrement d’autres libraires qui n’ont pas réalisé et qui se retrouvent avec des centaines de bouquins. »
Avant d’insister : « on est 3.000 libraires indépendants en France. Jordan Bardella sait très bien que ce n’est pas avec nous qu’il fera ses plus gros chiffres. Et puis, il a quand même préconisé à ses futurs lecteurs de commander son livre sur Amazon… »
« C’est l’essence même de notre métier que de choisir »
Chez Terre de livres, aucun représentant de Fayard n’a tenté de vendre le livre du président du RN. « Oh, ils n’essaient même pas, ils savent très bien notre ligne éditoriale, s’exclame en souriant Laurent, le gérant des lieux considérés comme généralistes mais militants. D’ailleurs, on ne doit pas avoir un seul livre de cette maison d’édition. Et de notre côté, on ne s’est même pas posé la question ! Féminisme, décroissance, décolonisation… Tous nos engagements sont opposés à ceux de monsieur Bardella. »
Les deux libraires interrogés assurent tout de même que si un client le leur demande, ils commanderont l’autobiographie en question. « On a bien un Mein Kampf pour un universitaire et un livre de Zemmour pour un autre chercheur, montre Laurent. C’est donc absurde de parler de censure, d’autant plus qu’il existe de nombreux endroits où l’ouvrage sera disponible sans le demander. »
Il rappelle par ailleurs que c’est « le métier du libraire de faire une sélection ». « Il doit y avoir plus de 70.000 nouveautés qui sortent par an en France, pointe-t-il. Dans chaque établissement, on fait une sélection et on propose une toute petite sélection de ce qui existe. C’est l’essence même de notre travail que de choisir. »