« Destitution » d’Emmanuel Macron : La France Insoumise vient-elle de signer la fin du Nouveau Front populaire ?
Une soirée pour dissoudre, des semaines pour nommer. Six en tout. Six semaines d’attente, de rumeurs, de négociations… Comme pour une garde partagée, il fallait bien que ça pète. Mais à quel prix ? Le coup d’éclat de La France Insoumise de ce week-end aura bien des conséquences. L’évocation d’une possible « destitution » du Président de la République si ne s’installe pas à Matignon agite à gauche. Cet ultimatum de ne passe pas du côté des alliés du NFP. Un nouveau démêlé dans une cohabitation déjà tendue. Le cap n’est plus du tout clair et les groupes de gauche nous rejouent presque la .
Une proposition illusoire
« C’est un élément de clivage. On l’a vu tout de suite avec les réactions hostiles d’ ou encore de », estime Jean Garrigues, professeur d’histoire contemporaine à l’université Orléans, à . En premier lieu, le président du PS se désolidarise totalement de cette tribune. Cette proposition « n’engage que leur mouvement » et non l’ensemble de la gauche unie au sein du Nouveau Front populaire, a écrit le président du sur X.
Cette tribune n’est signée que par les dirigeants de LFI. Elle n’engage que leur mouvement. La réponse à une nomination d’un PM qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine, est la censure. https://t.co/1hq3x4K9kR
— Olivier Faure (@faureolivier) August 18, 2024
« On sait très bien que cette proposition est totalement illusoire. Il faudrait qu’elle se fasse à la rentrée parlementaire en octobre donc attendre encore longtemps ? C’est une procédure extrêmement compliquée » poursuit Jean Garrigues. En effet, la procédure de destitution prévue à l’article 68 de la doit être déposée par un dixième des députés puis votée par les deux tiers.
Manuel Bompard, élu des Bouches-du-Rhône, pourtant l’assure « avec 72 membres au Palais Bourbon nous avons un dixième des députés » tandis que ceux « qui soutiennent le président de la République représentent moins d’un tiers des députés à l’ ».
Ni un événement politique ni un coup de pression
Mais, est-ce un vrai coup de pression ? « Cette demande est fallacieuse. C’est complètement impossible à réaliser. Si on ajoute à cette annonce recouverte par la mort d’, ce n’est clairement pas un événement politique majeur, ni un coup de pression pour Macron », analyse Jean Garrigues.
Avec cette tribune, pour l’historien et politologue, c’est un pavé dans la mare du PS et de la gauche. « Pour Jean-Luc Mélenchon, l’intérêt stratégique n’est pas que Lucie Castets aille à Matignon. A cause du risque de motion de censure déjà mais aussi parce que ce ne serait pas la réussite de LFI mais celles des autres partis de gauche. Et en vue de 2027, Jean-Luc Mélenchon n’a pas d’intérêt à favoriser les autres au détriment de son parti. Et de participer à une inversion des rapports de force. ».
« Il n’y a pas d’intérêt à la rupture »
Stratégie étatique ou électorale, ce lundi, en tout cas, les élus des différents partis de la coalition ont tenté d’apaiser les tensions. A l’unisson, ils dénoncent en premier lieu le « déni de démocratie » d’Emmanuel Macron tout en calmant le jeu de LFI. Une dernière tentative de conciliation pour peser dans la balance des élections avant une rupture douloureuse… « Ce qui a permis la montée de la gauche, c’est un candidat unique, une union. Il n’y a pas d’intérêt à la rupture. Si le NFP éclate, il n’est pas évident que des dissidents de LFI ne se joignent pas à une nouvelle forme de groupe des gauches. La dynamique est dans ce sens. Est-ce que ça changerait la donne ? C’est une prise de risque très forte. »
Pendant ce temps-là, loin des crêpages de chignon, d’autres noms ressortent sur l’échiquier politique : et circulent pour remplacer Gabriel Attal, tout comme ceux de et .