Virus mpox : Que sait-on du « Tranilast », présenté comme un médicament efficace ?
Alors que la propagation d’une du dans le monde suscite des inquiétudes croissantes et que , certains internautes et personalités publiques ont d’ores et déjà trouvé leur remède miracle.
« Tout comme l’ivermectine qui soignait très bien le #Covid mais qui a été bannie par les médecins de plateaux… au Japon le Tranilast soigne très bien la #varioledusinge. Mais comme il ne coûte pas cher il sera bien sûr caché ! », écrivait par exemple samedi Nicolas Dupon-Aignant sur X (Twitter).
De nombreuses publications visionnées plusieurs centaines de milliers de fois reprennent ce discours, qui se base sur un extrait d’une vidéo du professeur Didier Raoult. La vidéo en question n’est pas récente mais date de juin 2022. on peut y voir le professeur donner un « élément de réflexion » sur les « infections à un ''pox '' virus [virus de la variole] » : « comme il n’y avait pas de médicaments les chinois […] ont testé plus de 467 molécules disponibles […] et celle qui était la plus efficace c’est un médicament japonais qui s’appelle le Tranilast. […] Il ne sera jamais commercialisé ici, car il ne coûte rien. »
FAKE OFF
Il existe effectivement une intitulée « Sélection et évaluation d’inhibiteurs potentiels contre le virus de la vaccine à partir de 767 médicaments approuvés », et publiée dans le Journal of Medical Virology, où a été testé le médicament antiallergique Tranilast. Toutefois, cette étude fait état de tests réalisés sur des cellules in vitro et sur des souris, mais pas sur des humains.
« Le virus de la vaccine était celui qu’on utilisait pour la vaccination contre la variole », explique Anne Goffard, médecin au CHU de Lille et professeure de virologie à l’Université de Lille. « La vaccine, la variole, mpox, sont des virus de la même famille. »
« Ce virus est très facile à manipuler en laboratoire, c’est pour cela que c’est souvent avec ce virus qu’on fait des essais. Les scientifiques ont cherché une molécule qui agirait contre les pox virus, dont le mpox, et ils ont essayé de faire du repositionnement thérapeutique, c’est-à-dire de tester 767 molécules qui sont déjà utilisées en médecine. Ce qui permet de raccourcir le délai au niveau des essais cliniques », détaille la scientifique. « Ils ont d’abord testé in vitro, puis ont testé chez la souris et ont vu une efficacité. Mais c’est tout. Il n’y a pas eu d’essai de cette molécule chez des humains, ni même chez des primates non humains. Donc on ne sait pas si elle fonctionne, et ça peut très bien ne pas fonctionner. »
Pas de traces d’essais cliniques
Les conclusions de l’étude indiquent que « le MMF [mycophénolate mofétil] et le TRA [Tranilast] sont des candidats prometteurs contre le virus de la variole qui pourraient être optimisés et réutilisés dans la pratique clinique ».
D’après les recherches effectuées par 20 Minutes, il n’existe à ce jour aucun essai clinique testant le Tranilast contre le mpox. Une recherche dans le ou encore dans la base de données concernant le Tranilast et la variole ne donne aucun résultat concluant.
Pourquoi n’y a-t-il a priori pas eu d’essais cliniques malgré ces résultats in vitro ? Pour Anne Goffard, cela peut s’expliquer de plusieurs manières : « Soit parce qu’aucune société pharmaceutique ne s’intéresse à ce produit, soit parce qu’il y a eu des essais précliniques sur animaux qui n’ont pas donné de résultats probants et les recherches se sont arrêtées. »