PFAS, bisphénol A, encres… Comment les emballages de nos aliments nous empoisonnent ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
En entrée, salade d’endives au . Pour le plat de résistance, steak assaisonné aux . Et en dessert, une mousse aux phtalates. Ce menu peu ragoûtant fait pourtant partie de notre quotidien, à notre insu. Pas moins de 3.601 substances chimiques provenant des emballages de nos aliments ou des ustensiles de cuisine se retrouvent dans notre organisme, selon une étude publiée mardi dans le .
Il s’agit heureusement là « d’une analyse à l’échelle de la planète, si vous analysez votre sang, vous ne trouverez pas 3.600 substances », rassure Camille Dorioz, directeur de campagne de Foodwatch. Mais tout de même, 3.600 substances sur les 14.000 composants chimiques identifiés des emballages et ustensiles alimentaires, c’est deux fois plus qu’attendu par les chercheurs. Et parmi elles, « certains composés sont particulièrement dangereux », pointe Camille Dorioz.
Des contaminations « accidentelles »
« L’un des principaux problèmes reste le bisphénol A », utilisé dans le revêtement des bouteilles plastiques et dans les boîtes de conserve, indique Jane Muncke, du Food Packaging Forum, l’une des coautrices de l’étude, chez nos confrères du . D’autres substances inquiètent les chercheurs et les militants de l’alimentation, comme les phtalates ou les , dont la présence dans de nombreux revêtements antiadhésifs a récemment été décriée. L’étude a même retrouvé des traces de métaux lourds et de retardants aux flammes dans divers échantillons.
La plupart du temps, « la contamination est accidentelle et en quantité minimale », éclaire Camille Dorioz, mais suffisante pour causer des dommages sur la santé. Ces substances sont en effet, pour certaines, « des qui ont des conséquences sur la puberté des adolescents ou chez les femmes enceintes », d’autres causent des cancers. Et comme la contamination vient de l’emballage, impossible pour le consommateur de s’en rendre compte.
Itinéraire d’une contamination
Pour mieux comprendre comment on peut se faire contaminer, prenons l’exemple des huiles minérales, un dérivé du , contre lequel l’ONG Foodwatch lutte depuis près de dix ans. « La première fois qu’on en a repéré, c’était une huile présente dans l’encre d’impression de l’étiquette qui migrait à travers le carton et se trouvait mélangée au riz. Vous mangiez du riz à l’encre sans le savoir », raconte Camille Dorioz. Mais la contamination « peut venir à toutes les étapes », par exemple via « l’huile d’un piston sur une chaîne de production », et même « à travers les sacs de toile pour ramasser les noix de coco », jusqu’à infecter l’huile de coco.
Après neuf ans de lutte, Foodwatch a obtenu en 2022 de l’interdiction de la présence d’huile minérale dans l’alimentation, forçant les industriels à rappeler des produits contaminés. Une première pierre pour les obliger à changer leurs pratiques, par exemple en passant à l’huile végétale dans leurs chaînes de production. Mais cela fait une substance sur 3.600. Plus préoccupant, « c’est impossible de vérifier comment tous ces éléments interagissent entre eux », note Camille Dorioz, alors que les études sur l’impact sur la santé concernent généralement les molécules prises une par une.
Pour éviter un « effet cocktail », le plus urgent est donc de « réduire au maximum le nombre de molécules impliquées », insiste le directeur de campagne de Foodwatch. En commençant par les plus dangereuses. Seul bémol, la lenteur de la réglementation. Concernant le bisphénol A, dont les effets sont connus de longue date, lance enfin un projet de réglementation, qui prévoit de toute façon une période de transition d’au moins trois ans. Et difficile pour le consommateur d’agir directement. « Même le vrac passe par des étapes d’emballages. Le contenant le plus sûr serait le verre, mais il y a des chaînes de production et des emballages intermédiaires », pointe encore Camille Dorioz. Emballez, c’est pollué.