Terreurs nocturnes chez les enfants : Faut-il s’inquiéter ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Il est aux alentours de minuit et les hurlements de votre jeune vous réveillent en sursaut. Dans son lit, votre tout-petit s’agite frénétiquement, se débat, s’égosille, pleure, comme saisi d’effroi. Et malgré vos paroles douces et vos tentatives de réconfort, rien n’y fait. Au bout de quelques minutes, il reprend enfin ses esprits. Les cris disparaissent, sa respiration ralentit, votre enfant retrouve son calme et se recouche, comme si de rien n’était.
Quant à vous, vous ne fermez pas l’œil de la nuit, toujours sur le coup de la panique, de la peur, submergé par une myriade d’interrogations : était-ce un énorme cauchemar ? Un étouffement évité de peu ? Un problème grave de ? (on est rarement dans la demi-mesure dans ces moments-là)
Il peut en fait tout simplement s’agir d’une terreur nocturne, un trouble du qui n’est pas rare chez les jeunes enfants et qui n’a rien à voir avec des mauvais rêves. Mais comment les reconnaître ? Et quand faut-il s’inquiéter ?
« L’enfant n’est pas réveillé et il ne se calme pas quand on lui fait un câlin »
Contrairement aux cauchemars, qui surviennent plutôt en milieu ou fin de nuit, pendant le sommeil paradoxal, les terreurs nocturnes se manifestent généralement quelques heures seulement après le coucher de l’enfant, lors du sommeil profond.
« Ce sont des épisodes qui sont en général très impressionnants pour l’entourage. Les parents ont l’impression que l’enfant est terrorisé. Souvent, lors d’une crise, il vocifère, il peut rester dans son lit assis mais peut également en sortir, courir et avoir l’air complètement affolé », explique Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil et présidente d’honneur du . Votre petit peut aussi pleurer, se débattre, sembler désorienté… Le tout en ayant parfois les yeux grands ouverts, le regard vide ou paniqué.
Cela ne veut pas pour autant dire qu’il comprend ce qu’il se passe, bien au contraire. Toujours endormi, il ne vous voit pas et est dans un état de conscience altéré. « Si on fait attention, on ne peut pas se tromper entre terreurs nocturnes et cauchemars : dans le premier cas, l’enfant n’est pas réveillé et il ne se calme pas quand on lui fait un câlin. Si on lui en parle le lendemain, il ne se rappelle pas ce qu’il s’est passé. A la différence d’un cauchemar où l’enfant raconte qu’il y avait un monstre, par exemple », décrit Célia Levavasseur, pédiatre au Centre hospitalier du Belvédère et autrice du (Nathan, 2022).
Si pour les parents la crise peut sembler interminable, les terreurs nocturnes sont relativement courtes, entre cinq et quinze minutes. Une fois l’épisode passé, l’enfant va s’apaiser de nouveau et se recoucher.
« C’est encore un peu mystérieux »
Comme l’explique la spécialiste du sommeil Sylvie Royant-Parola, ces épisodes peuvent apparaître peu avant deux ans et être présents jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans. 10 % des enfants seraient touchés par ce phénomène. « C’est probablement sous-évalué. Il peut y avoir une terreur nocturne isolée non repérée et c’est donc peut-être plus fréquent que ça. En général, ils ne font pas des terreurs toutes les nuits, ils vont en faire pendant deux trois nuits, puis plus rien. Parfois, c’est toutes les nuits pendant quelques semaines ou mois et là, c’est beaucoup plus pesant », souligne-t-elle.
Mais à quoi sont dues ces terreurs nocturnes et pourquoi touchent-elles certains enfants et pas d’autres ? « C’est encore un peu mystérieux, on ne sait pas exactement à quoi ça correspond, pourquoi ça peut être si violent chez certains. En général, ça disparaît après cette période de la petite enfance mais il y en a chez qui ça continue. Chez l’adulte, c’est plus fréquemment lié à un trauma, un événement particulier qui a marqué la personne. Cela a aussi été décrit chez des personnes qui avaient été soumises à des prises d’otages. Mais chez l’enfant, il n’y a pas la notion d’un traumatisme particulier », précise la présidente d’honneur du réseau Morphée.
On sait toutefois que certains facteurs émotionnels interviennent et que ces épisodes peuvent surgir lors de périodes de grands changements dans la vie de l’enfant : un déménagement, un changement d’école, une séparation… « Tout ce qui va être perturbateur du rythme de sommeil va éventuellement favoriser l’irruption de crises chez un enfant qui est prédisposé. Il faut instaurer des horaires de coucher réguliers, que l’enfant ne soit pas en privation de sommeil. Après, il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler, comme la fièvre, qui peut être un facteur déclencheur », ajoute Sylvie Royant-Parola.
Etre le plus calme et rassurant possible
Parfois spectaculaires, les terreurs nocturnes enfantines peuvent être sources d’angoisses pour les proches. Les spécialistes du sommeil se montrent toutefois rassurants. « Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir sur ce qui se passe derrière, sur ce que ça pourrait représenter comme signes d’une maladie. Que ce soit physique ou psychique, ça ne préjuge en rien de la santé mentale présente ou future de l’enfant », assure Sylvie Royant-Parola.
Elle ajoute : « Si c’est une terreur nocturne typique, que cela dure cinq dix minutes et que l’enfant se rendort, il n’y a pas lieu de consulter. En revanche, s’il y a plusieurs crises dans la nuit, des mouvements qu’on ne comprend pas, des cris qui sont plutôt des vocalises, il faut consulter car on cherche toujours d’autres causes. Mais c’est vraiment quand ça dure, quand ça ne disparaît pas et quand ça se reproduit plusieurs fois dans la nuit. »
Et que faire lorsqu’un épisode survient ? Il faut accompagner son enfant en se montrant le plus calme et rassurant possible. « On va d’abord vérifier qu’il n’est pas en danger. Comme il s’agite, il peut quand même se cogner, se coincer… Il faut attendre que ça passe mais ne pas essayer de le réveiller. Il faut le mettre en sécurité mais sans trop le toucher », conseille la pédiatre Célia Levavasseur.
Restez également vigilant si vous tentez de prendre votre petit dans vos bras pour le réconforter. « Plus vous les contenez et plus ils se débattent, ça peut être dangereux pour vous avec le risque de prendre des coups », prévient-elle.
Comme pour les crises de , Sylvie Royant-Parola recommande de prendre quelques précautions concernant l’environnement de sommeil des enfants sujets aux terreurs nocturnes : éviter les lits en mezzanine ou encore bien fermer les portes et les fenêtres de votre appartement ou maison.