Bronchiolite : Le traitement Beyfortus est-il inefficace et dangereux ? Attention à ces affirmations trompeusesSportuneBébés et MamansMinutes Maison
Alors que la seconde campagne de contre la a débuté il y a quelques jours, le traitement médical est déjà la cible de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Cette année, : le Beyfortus, pour les nourrissons, qui contient un anticorps appelé nirsévimab, et l’Abrysvo un vaccin destiné aux mères durant la grossesse. C’est qui suscite des craintes particulières, cible de publications qui remettent en cause son efficacité et sous-entende qu’il serait dangereux.
Un visuel est particulièrement partagé à ce sujet. Présentant des « rappels importants concernant la bronchiolite et le Beyfortus », il contient une liste d’affirmations pour appuyer que les risques encourus seraient supérieurs aux bénéfices sur la santé des enfants. 20 Minutes s’est penché sur plusieurs affirmations relayées par ce visuel afin d’en évaluer la véracité.
La bronchiolite touche « une minorité de nourrissons » et n’est pas « un problème de santé publique » ?
C’est la première des affirmations listées sur le visuel, qui assure aussi que la maladie n’entraîne que de « rares passages aux urgences ». Un constat bien éloigné de la réalité, comme l’explique Naïm Ouldali, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré (Paris) et spécialiste des maladies infectieuses. « Dire que ça touche une minorité d’enfants est faux. La bronchiolite touche 30 % des nourrissons chaque année. S’il y a un problème de santé publique en pédiatrie, c’est bien celui-là. Il n’y a pas d’autre pathologie aussi morbide. » Un constat partagé par Anne Goffard, virologue au CHU de Lille : « Avant l’arrivée du traitement au Beyfortus, la bronchiolite touchait environ 4.000 000 enfants de moins de 2 ans par an, c’est énorme. »
La bronchiolite n’est quasiment pas mortelle ?
Cette affirmation est vraie, du moins en France, où le système de santé permet d’éviter les décès dans la majorité des cas. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’elle n’entraîne aucune complication. C’est même « de très loin la première cause d’hospitalisation en pédiatrie », fait savoir Naïm Ouldali. « Entre 2 et 3 % des bébés sur l’ensemble des naissances vont être hospitalisés pour cette pathologie chaque année. » Au cours de la période hivernale 2022-2023, dénombrait 26.104 hospitalisations après des passages aux urgences pour bronchiolite. « Cela a aussi un impact sur les consultations, avec une surcharge de travail chez les médecins. Lorsque les cas se compliquent, il est nécessaire d’aller à l’hôpital, où les services étaient surchargés. Il y a tous les ans des enfants en réanimation », expose Anne Goffard.
Le traitement ne permet pas de réduire les hospitalisations ?
C’est justement le contraire. Trois études ont été publiées avant la mise sur le marché du Beyfortus (, et ). Se basant sur des essais en France (et en Allemagne et au Royaume-Uni pour l’une d’entre elles), elles concluent à une efficacité pour la réduction des hospitalisations chez les enfants ayant contracté la bronchiolite (entre 62,1 % et 89,6 %). Financées par les laboratoires Sanofi et AstraZeneca, elles ont été suivies après la mise sur le marché de deux études françaises bénéficiant d’un financement public. Ces dernières (et ) concluent à une efficacité du traitement entre 76 % et 83 % sur la réduction des hospitalisations.
« Il n’y a absolument aucun doute sur le fait que ce traitement prévient les hospitalisations, les hospitalisations en réanimation, les passages aux urgences et même les bronchiolites ambulatoires », observe Naïm Ouldali, qui a travaillé sur l’une des deux études. Selon des travaux de modélisation réalisés par l’Institut Pasteur et Santé publique France, le Beyfortus a permis d’.
Le médicament présente un risque car il y a eu plus de morts dans les groupes ayant reçu le traitement que dans les groupes témoins ?
Le visuel indique qu’il aurait eu « trois morts avec Beyfortus sur 987, soit 300 morts pour 100.000 environ », contre « 2,6 morts sur 100.000 dans le groupe sans injections ». La source indiquée est « Santé publique France », sans plus de détails sur l’étude dont seraient issus ces chiffres.
Pour autant, le fait qu’il y ait des décès au sein du groupe de patients suivis dans les essais ne signifie pas que ceux-ci sont provoqués par le traitement. « Dans les études, le taux de décès est équivalent dans les deux groupes [avec et sans traitement], et ces décès ne sont liés ni au traitement ni à l’absence de traitement, mais au risque de décès dans une population normale à cet âge-là », développe Naïm Ouldali. « Lors de la campagne 2023-2024, on a injecté plus de 200.000 doses, et il n’y a pas eu de risque de décès particulier comparé aux patients qui n’ont pas été immunisés. On n’a pas non plus observé le moindre effet secondaire grave chez les patients immunisés. »