Opioïdes : En quoi consiste l’ordonnance infalsifiable pour lutter contre les abus de codéine et de tramadol ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
La vis se resserre encore un peu plus autour de la prescription de et de codéine. Ces médicaments opioïdes prescrits en cas de fortes douleurs présentent un risque élevé de mésusage, de , d’abus et de surdosage. C’est la raison pour laquelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé jeudi que les deux analgésiques devront, à partir du 1er décembre, . En quoi consiste cette ordonnance infalsifiable ? On vous explique tout.
Des caractères ne passant pas à la photocopieuse
Les médecins prescrivant des médicaments contenant du tramadol ou de la codéine devront rédiger une ordonnance bien spécifique. Concrètement, en bas à droite du papier se trouve un carré de sécurité composé de micro-lettres bleues permettant d’identifier le professionnel de santé prescripteur. C’est ici que le médecin inscrira le nombre total de médicaments prescrits. Un filigrane représentant un caducée devra également être présent et le grammage de la feuille ne devra pas être inférieur à 77 g/m2.
« L’ordonnance est imprimée avec des caractères qui ne passent pas à la photocopieuse, précise Jean-Christophe Nogrette, médecin généraliste et secrétaire général adjoint de MG France. Si on photocopie la feuille, des taches apparaissent et on ne voit plus rien. »
Une prescription en toutes lettres
Des règles de prescription s’appliquent également. L’ANSM explique que « le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres ». « Typiquement, une personne ne pourra pas rajouter un "1" devant "3 boîtes" pour faire 13 boîtes. Ce sera écrit "trois boîtes" à la place », illustre Pierre-Olivier Variot, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le médecin l’assure, « il y a , notamment en téléprescription. »
Ces codes infalsifiables ne pouvant donc pas passer à l’imprimante, « on devra faire des ordonnances à la main, ce qui nous compliquera la vie », estime le médecin généraliste. « C’est un peu le but. Quand il s’agit de faire baisser l’utilisation d’un médicament, on en complique l’accès par tous les moyens. » Le médecin fait quatre à six prescriptions de ces analgésiques par jour en moyenne. « En médecine générale, on est confronté à la douleur très fréquemment. Le tramadol n’est pas une très bonne molécule, on en prescrit de moins en moins. Mais la codéine, par contre, est un médicament d’usage courant pour les fortes douleurs donc ça risque de poser problème. Mais tant pis, on fera avec. »
Un type d’ordonnance de moins en moins rare
Ces ordonnances sécurisées ne sont pas nouvelles. La morphine, certains somnifères, des médicaments neurologiques et la sont également concernés. « Les ordonnances infalsifiables sont de moins en moins rares », constate Jean-Christophe Nogrette. Rien d’étonnant selon le président de l’USPO, qui repère quotidiennement des ordonnances falsifiées. « Elles concernent majoritairement le tramadol et la codéine mais aussi des antidouleurs à visée neurologique. »
Pour sécuriser l’utilisation de ces opioïdes, l’ANSM ne s’est pas arrêtée aux ordonnances sécurisées. La durée maximale de prescription de la codéine sera, à partir du 1er décembre, alignée à celle du tramadol. Les deux médicaments ne pourront être prescrits plus de trois mois sans nécessiter une nouvelle ordonnance sécurisée.
Plusieurs mesures déjà prises par l’ANSM
Deux mesures qui viennent s’ajouter aux précédentes. Depuis 2017, . En avril 2020, la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol avait été .
Et en mai dernier, l’ANSM a demandé aux industriels commercialisant des médicaments contenant du tramadol la mise sur le marché de , adaptées aux traitements de courte durée, en complément des boîtes déjà disponibles.