« Des enfants suicidaires renvoyés chez eux »… Au CHU de Nantes, l’inquiétante crise de la pédopsySportuneBébés et MamansMinutes Maison
N’importe quel parent à la recherche d’un psy le sait. Décrocher un rendez-vous avec un professionnel de la pour son enfant n’est pas toujours chose aisée ces dernières années. Et à l’hôpital public, vers lequel les familles se tournent souvent dans les cas les plus extrêmes, la situation est là aussi de plus en plus compliquée. Au CHU de , le syndicat CGT vient carrément d’envoyer un signalement au procureur de la République pointant « la situation alarmante » du service, dénonçant un risque de « mise en danger des enfants ».
Alors que les soignants alertent depuis plusieurs années sur , le point de rupture semble avoir été atteint. Depuis la rentrée, après un départ en arrêt maladie, il n’y a plus aucun pédopsychiatre, donc plus aucun médecin, dans l’unité de suicidologie, rapportent-ils ce jeudi. « On bricole des binômes psychologue-infirmière, se désole l’une d’entre elles. Mais quand vous avez une ado qui, comme la semaine dernière, vous prévient qu’elle dans l’après-midi, c’est très difficile à gérer… Heureusement que certains pédopsychiatres extérieurs acceptent de recevoir nos patients, qui sont envoyés en ambulance parfois à l’autre bout du département. »
Les passages aux urgences explosent
De jeunes gens qui ne sont d’ailleurs pas tous sûrs de trouver un lit adapté au sein du CHU de Nantes. Il faut dire que les passages aux urgences médico-pédo-psychiatriques n’ont fait qu’augmenter ces dernières années (plus d’un millier en 2023 rapporte la CGT) après une crise sanitaire qui a fait des dégâts sur la santé mentale des enfants et .
Du coup, plusieurs dizaines de jeunes seraient hospitalisés chaque année dans des services de psychiatrie pour adultes, « ce qui n’est pas du tout approprié et parfois dangereux », regrettent les soignants. D’autres trouveraient des places dans des lits de pédiatrie classique, avec là encore « un environnement trop peu sécurisé, comme toutes sortes d’objets qui traînent avec lesquels ils peuvent se faire du mal ».
Retour à la maison pour certains jeunes patients
Mais pour une dernière partie de ces enfants, après une rapide évaluation aux urgences, il n’y aurait parfois pas d’autre choix que de les renvoyer à domicile. « Entre les tentatives de suicides, les , on a chaque jour des jeunes en très grande détresse qui nécessiteraient d’être hospitalisés », constate Elise Le Bail, secrétaire à la CGT du CHU de Nantes et infirmière psychiatrique à l’hôpital Saint-Jacques.
« Mais faute de place, on dit à des enfants de 7 ou 8 ans qui viennent de passer à l’acte que l’on ne peut pas les accueillir ! C’est extrêmement grave de devoir les renvoyer chez eux, poursuit-elle. Et en termes de culpabilité, c’est très compliqué pour les soignants de laisser un patient en danger, avec derrière une famille complètement démunie. Les internes ne souhaitent plus prendre cette spécialité si c’est pour exercer dans ces conditions. »
Des médecins activement recherchés
Reconnaissant un « contexte difficile », la direction du CHU et l’Agence régionale de la santé rappellent que le département de est historiquement sous doté, avec un centre hospitalier de pédopsychiatrie (le CH Daumezon à Bouguenais) qui ne compte que quatorze lits pour tout le territoire, « soit quatre fois moins que la moyenne nationale ».
L’an dernier, un service d’hospitalisation pour adolescents avait bien été créé à avant de devoir fermer faute de médecins… Au grand dam des autorités qui assurent pourtant que vingt-quatre nouveaux lits seront prochainement ouverts et que des « démarches très actives » sont menées « pour attirer et recruter des pédopsychiatres », grâce à un plan d’urgence régional de près de 10 millions d’euros.
Des « effets d’annonce » pour la CGT, qui envisage désormais de déposer plainte contre l’État pour « non-assistance à personne en danger ». Il y a quelques jours, le Premier ministre Michel Barnier annonçait faire de la santé mentale de 2025.