Enlèvement de Santiago : Quels sont les risques pour la santé du nourrisson ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Il n’a toujours pas été retrouvé. Lundi soir, le petit Santiago, nouveau-né grand prématuré de 17 jours, a disparu. Le nourrisson , âgés de 23 et 25 ans, dans un hôpital d’Aulnay-sous-Bois, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Paris. Quelles conséquences cette fuite risque-t-elle d’avoir sur la santé du nourrisson ?
« Il a besoin de soins médicaux urgents »
a eu lieu entre 23 heures et 23 heures 30, l’hôpital étant alerté par le débranchement des capteurs cardiaques posés sur le nouveau-né placé en couveuse. Les forces de l’ordre ont été averties dans la foulée, dans la nuit de lundi à mardi peu après minuit, par le personnel de l’hôpital.
Le nourrisson, né à 7 mois de grossesse, requiert « une prise en charge médicale constante », prévenait déjà le ministère de la Justice dans son alerte enlèvement. Toute rupture de cette prise en charge est susceptible d’engager son pronostic vital.
Né grand prématuré et vulnérable
Selon plusieurs sources policières, la mère du bébé serait toxicomane et les autorités n’auraient pas jugé les jeunes parents aptes à s’occuper en toute sécurité de leur enfant.
Considéré comme grand prématuré, Santiago est né à 7 mois de grossesse, mais on ignore pour l’heure si la prématurité et la vulnérabilité du petit Santiago pourraient être liées à la toxicomanie supposée de sa mère. Ce que l’on sait, selon les éléments dont on dispose à ce jour, c’est qu’après un passage en réanimation, le nourrisson a intégré le service de néonatalogie, et était encore incapable de se nourrir au biberon ou au sein.
« Si la toxicomanie de la mère était avérée, cela pourrait avoir joué sur la santé de l’enfant. La consommation de est connue pour être la cause de prématurité et de faible développement intra-utérin, avec des bébés hypotrophes, c’est-à-dire avec un poids trop faible à la naissance, explique le Dr Brigitte Virey, pédiatre et présidente du (SNPF). De quoi justifier le retrait de la garde aux parents et qui pourrait expliquer le fait qu’ils aient enlevé leur propre enfant ».
Des multiples risques
Au regard de ces éléments, l’enlèvement du petit Santiago, qui était hospitalisé en service de néonatalogie, fait peser de multiples risques sur sa santé. Plusieurs sources policières ont ainsi évoqué un seuil critique d’une douzaine d’heures avant que l’enfant, sans soins médicaux, ne soit en danger de mort. « Si le nouveau-né n’était pas malade et n’est "que" , ce délai semble court, estime le Dr Virey. Mais c’est très difficile à estimer sans connaissance précise du dossier médical du bébé : avait-il un problème respiratoire, avait-il besoin d’oxygène, souffrait-il d’un problème infectieux ? Ces réponses pourraient justifier ce délai aussi court. Une chose est sûre : il y a une fragilité globale réelle de cet enfant ».
D’autant qu’en pratique, le nouveau-né est incapable de se nourrir ou biberon ou au sein. « Chez les grands prématurés, c’est très courant d’être nourri par sonde, précise le Dr Virey. La durée de cette étape va dépendre de plusieurs facteurs : le poids du bébé, ses capacités, son terme de prématurité et s’il est malade ou non à côté. Ici, si l’enfant ne peut pas s’alimenter suffisamment, il ne va pas prendre de poids, voire en perdre », souligne la pédiatre.
Cela signifie que, « au bout d’un moment, puisqu’il a des difficultés à s’alimenter, il peut se fatiguer en essayant de prendre le sein ou le biberon, poursuit la pédiatre. Et s’il se fatigue, il peut faire une désaturation, ce qui correspond à une chute de son taux d’oxygène, parce que l’effort demandé est trop grand pour ses capacités. Son cœur fonctionne alors moins bien, ce que l’on veut éviter à tout prix. C’est pour cette raison que les qui naissent prématurés portent souvent une sonde gastrique pour être nourris, jusqu’à ce qu’ils soient capables de téter. Cela explique aussi pourquoi les grands prématurés admis en service de néonatologie, qui sont fragiles, portent des capteurs cardiaques pour être surveillés ».
Attention au risque infectieux
Et d’autres facteurs rendent les grands prématurés encore plus vulnérables s’ils ne reçoivent pas les soins médicaux dont ils ont besoin. « Les nouveau-nés ne savent pas réguler leur température corporelle, c’est pour cela qu’on les met en couveuse ou en berceau chauffant », comme pour le cas du petit Santiago, ajoute le Dr Virey. « Ils sont très sensibles à la température extérieure, et même si en ce moment il ne fait heureusement pas trop froid, pour un tout-petit comme lui, c’est un risque : il faut qu’il soit bien réchauffé ».
En outre, « on entre dans la saison des virus, prévient la pédiatre. En tant que grand prématuré, le bébé va avoir une immaturité qui va le rendre plus sensible face aux infections, en particulier l’immaturité pulmonaire qui va faire que s’il contracte un (virus respiratoire syncytial) ou un rhinovirus, qui peuvent donner , cela représente un risque pour sa santé parce qu’on sait que cela peut être grave et nécessiter une hospitalisation et une mise sous oxygène », s’inquiète le Dr Virey.
D’autant qu’il y a aussi « tous autres les problèmes infectieux que l’on peut rencontrer, complète-t-elle, puisque ces nouveau-nés prématurés n’ont pas une immunité qui leur permet de se défendre. On peut alors tout imaginer : par exemple, si quelqu’un a dans l’entourage, l’enfant risque de la contracter et pour lui, ce serait grave ».
Pour l’heure, « ni le nourrisson ni ses parents n’ont été retrouvés », a souligné le procureur de Bobigny Eric Mathais, qui chapeaute l’enquête, dans un nouveau communiqué mercredi après-midi.