C’est quoi ces « pouches », ces sachets de nicotine, un « traquenard » pour les jeunes ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
«Des produits dangereux. » Voilà comment la ministre de la Santé, , a qualifié ce mercredi les pouches, ces sachets de nicotine en pleine expansion chez les jeunes. Dans un entretien au , elle a. « Le marketing de ces produits est directement ciblé vers les jeunes et je souhaite que nous puissions protéger notre jeunesse », a-t-elle déclaré.
En quoi consistent ces produits ? Quels sont les risques associés à leur consommation ? Et pourquoi sont-ils si plébiscités par les jeunes ? On vous explique.
Qu’est-ce que les pouches ?
Ces sachets de nicotine, appelés pouches, nicotine pouches ou nicopods, vendus entre 4 et 9 euros la boîte de 20, sont apparus très récemment sur le marché. « Ils ne contiennent pas de tabac mais des fibres de cellulose qui sont enrobées de nicotine », explique le professeur Loïc Josseran, médecin à l’AP-HP, chercheur en santé publique à l’université de Versailles Saint-Quentin et président de l’Alliance contre le tabac. Ces produits ne se fument pas mais se glissent entre la lèvre et la gencive et se gardent une trentaine de minutes dans la bouche. « Ils délivrent progressivement de la nicotine par voie transmuqueuse », ajoute Jean-Michel Delile, psychiatre, addictologue et président du conseil scientifique de Fédération Addiction.
Censés représenter des substituts au tabac, ces sachets aux goûts enfantins tels que barbe à papa, cola ou myrtille, peuvent contenir une très forte dose de nicotine. « Les plus dosés sont à 21 mg de nicotine, soit l’équivalent d’un paquet de », souligne l’addictologue.
Quels sont les risques associés à leur consommation ?
La ministre de la Santé s’est dite très préoccupée par ces produits, alertée par des centres antipoisons recevant de plus en plus d’appels d’adolescents pour « des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères ». Et cela s’explique facilement. « Les pouches vont mettre plus de temps que la cigarette à faire effet », souligne Jean-Michel Delile. Certaines jeunes vont donc avoir la sensation que l’effet psychotrope ne fonctionne pas et vont en reprendre ou passer à un sachet plus fortement dosé. « Une fois que ça décolle, ils passent en surdosage direct », résume l’addictologue. Résultat : vomissements, tachycardie, hypotension voire troubles de la conscience. « En France, on ne rencontrait plus d’intoxication de ce type depuis la fin du XIXe siècle », assure le médecin.
Si ces faits divers ont permis de lever le voile sur les nicopods, le vrai risque est tout autre selon les deux médecins. « La nicotine est un produit très rapidement addictif, rappelle Jean-Michel Delile. Très vite, les jeunes vont se rendre compte que c’est de plus en plus difficile de ne pas en consommer et, le cas échéant, vont passer à des produits fumés. » Pour l’addictologue, il s’agit tout simplement d’un « traquenard » des industriels du secteur, « une porte d’entrée banalisée vers le ».
Son utilisation répétée peut aussi donner lieu à problèmes dentaires. « Ces petits sachets sont très abrasifs et vont progressivement élimer la couche supérieure de la gencive, ajoute Loïc Josseran. Une gencive abîmée va se rétracter, s’infecter, donner lieu à des abcès dentaires, voire à une perte de dents. »
Pourquoi sont-ils plébiscités par les jeunes ?
« Le packaging des boîtes et les goûts , souligne Jean-Michel Delile. Ces sachets sont aussi à des prix accessibles et sont discrets parce qu’une fois dans la bouche, ils ne se voient pas. » Selon les deux médecins, à une période où la consommation de tabac s’effondre chez les jeunes, l’industrie essaie de rattraper ces clients.
Promus sur les réseaux sociaux, ces nicopoches sont aussi mis en avant par des sportifs. A titre d’exemple, les Formule 1 McLaren ont fait la part belle à la marque Velo, numéro 1 des ventes de nicopods. Un marketing agressif… et efficace. « Aux Etats-Unis, la consommation de pouches a dépassé celle de la cigarette électronique chez les jeunes », assure le président de l’Alliance contre le tabac. En France, en 2023, près d’un jeune de 13 à 16 ans sur dix connaissant les sachets, billes et perles de nicotine en avait déjà consommé, selon l’Anses.