Qu’est-ce que Powassan, ce virus mortel transmis par les tiques ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
On pouvait la craindre pour la , ou encore pour l’encéphalite spécifique qu’elle peut transmettre. Désormais, il faudra aussi redouter la tique pour le virus Powassan, une autre maladie qu’elle est capable de transmettre. Au Canada, des médecins de l’hôpital d’Ottawa auront eu besoin de plusieurs semaines pour poser le diagnostic chez un enfant de 9 ans qui présentait une raideur de la nuque, des maux de tête et de la fièvre. Des symptômes apparus chez le petit garçon une semaine après avoir campé dans le nord de l’Ontario. Deux mois après sa sortie de l’hôpital, une étude de son cas vient d’être publiée cette semaine dans le (CMAJ).
Où la maladie sévit-elle ? Qui est à risque de la contracter ? Quels sont les symptômes et comment se prémunir de ce virus ? 20 Minutes vous explique ce que l’on sait de Powassan.
Un diagnostic long à établir
Le diagnostic aura été long à établir, rapportent dans leur étude de cas les médecins canadiens qui ont pris en charge le jeune patient. C’est en juillet que l’enfant s’est présenté aux urgences avec la nuque raide et des maux de tête, mais sans aucun symptôme respiratoire ou gastro-intestinal. A son arrivée à l’hôpital, « le patient était fébrile et semblait malade », ont observé le Dr Zachary Blatman, médecin spécialisé en pédiatrie au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, et ses collègues. Et au troisième jour d’hospitalisation, le petit garçon « a été transféré à l’unité de soins intensifs pédiatriques de notre , car son niveau de conscience se détériorait », relatent-ils.
Alors qu’un électroencéphalogramme montre « un ralentissement généralisé de l’activité cérébrale », les médecins ne parviennent pas à poser de diagnostic malgré une batterie d’examens pratiqués. « Les tests sérologiques pour le (EBV), le cytomégalovirus et la maladie de Lyme, ainsi que les tests PCR pour l’adénovirus étaient négatifs, détaillent-ils. Les analyses du liquide céphalorachidien et du sérum pour l’encéphalite auto-immune étaient négatives ».
C’est alors qu’ils envoient « des échantillons sérologiques d’arbovirus au laboratoire de Santé publique Ontario, mais les résultats sont restés en attente tout au long de l’admission à l’hôpital ». Dans l’intervalle, le petit garçon reçoit plusieurs traitements qui permettent une amélioration de son état. Et « deux mois après sa sortie de l’hôpital, il s’est complètement rétabli sur le plan neurologique », rassurent les médecins. Ce n’est qu’après que « Santé publique Ontario nous a informés que des anticorps sériques contre le virus Powassan ont été détectés ».
Des infections rares
Mais qu’est-ce que le virus de Powassan ? C’est « un flavivirus transmis par les tiques qui provoque la maladie de Powassan, répond le canadien (CCNMI). Le virus tient son nom de la ville de Powassan, en Ontario, où il a été découvert en 1958. Il se transmet par une morsure tique infectée (Ixodes cookei, Ixodes marxi, Ixodes spinipalpus) ». Et en cas de morsure, 15 minutes à peine suffisent pour infecter l’humain. Des animaux peuvent aussi être contaminés, à l’instar des chevreuils, coyotes, renards, lièvres, ratons laveurs, marmottes et autres mouffettes. Mais aussi les chats et les chiens domestiques.
Heureusement, la France, où sévissent des tiques capables de transmettre la maladie de Lyme ou encore , n’est pas concernée. « Les cas de maladie de Powassan sont rares, rassure le CCNMI, et les infections sont endémiques dans le nord du Midwest (Etats-Unis), au Canada et dans l’extrême-est de la Russie. C’est le seul virus transmis par les tiques à être endémique en Amérique du Nord. Les cas se produisent principalement à la fin du printemps, au début de l’été et au milieu de l’automne, lorsque les tiques sont le plus actives sous l’effet de la chaleur. L’incidence la plus élevée est relevée en zones rurales et forestières, des mois de juin à septembre ».
Mais même là-bas, les contaminations sont rares. « Seuls 21 cas de maladie de Powassan ont été recensés au depuis 2017 : le risque de contracter la maladie y est donc très faible, insiste le CCNMI. Les hommes et les enfants s’infectent plus fréquemment, peut-être du fait qu’ils ont tendance à passer plus de temps à l’extérieur ».
Aucun vaccin ni traitement
En cas de contamination, « la plupart des personnes infectées par le virus de Powassan présentent de très légers symptômes semblables à ceux de la grippe ou encore ne présentent aucun symptôme », rassure le gouvernement canadien. Un tableau clinique qui regroupe généralement « fièvre, convulsions, vomissements, faiblesse, confusion, maux de tête ou encore perte de mémoire », énumèrent les autorités canadiennes. Et dans les cas les plus graves, « chez certaines personnes, la maladie peut provoquer une encéphalite (inflammation du cerveau), ou une méningite (inflammation des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière) ». Or, à ce jour, il n’existe aucun vaccin ni traitement contre le virus Powassan. Seule une prise en charge des symptômes peut être proposée aux patients touchés. Mais les médecins canadiens, qui ont étudié les statistiques liées au virus Powassan, rappellent que son taux de mortalité est de 10 à 15 %. Et parmi les patients, 50 % des survivants environ peuvent souffrir de troubles neurologiques persistants.
D’où l’importance de se prémunir contre les morsures de tiques et le virus Powassan. En cas de promenade dans des zones boisées ou d’autres zones à risque, les autorités canadiennes conseillent de « porter des vêtements de couleur pâle afin de repérer plus facilement les tiques, de porter des chaussures fermées, un chandail à manches longues et un pantalon ». Elles préconisent « d’insérer le bas de son pantalon dans ses chaussettes, de prendre une douche dans les deux heures suivant chaque sortie en plein air pour faciliter la vérification rapide de la présence de tiques et pour repérer les tiques qui ne sont pas encore fixées à la peau, et d’utiliser un insectifuge contenant du DEET (ingrédient actif éloignant les insectes) ou de l’icaridine (en suivant toujours le mode d’emploi) ».
En France, depuis 2017, les données relatives aux morsures de tiques sont recensées dans le cadre du programme de recherche participative , piloté par l’Inrae. Entre janvier 2017 et mars 2024, plus de 82.000 morsures ont été signalées, dont près de 70.000 chez des humains, avec une hausse des signalements dans les jardins privés.