« Une attestation pour boire de l’eau »… Des médecins en guerre contre les certificats médicaux inutilesSportuneBébés et MamansMinutes Maison
Le saviez-vous ? Si vous jouez au dans un club non affilé à la fédération française, vous devez obtenir un . Mais il sera inutile si vous rejoignez un club de. Pourquoi une telle différence ? Mystère. Dans le domaine de la santé, la France n’échappe pas à sa et son amour des petits papiers avec signature (n’oublions pas les auto-attestations de sortie pendant les ).
Fiévreux d’un jour devant glaner un certificat médical pour satisfaire la paranoïa de son patron, parent avec enfant ou sportif du dimanche ayant besoin d’une attestation pour courir 10 kilomètres, sachez que vous n’êtes pas seuls à être exaspérés de cette situation : de nombreux le regrettent également.
« Environ 20 % de mon activité dédiée à ça »
« On peut se dire que c’est de l’argent facile, mais c’est une perte de sens et de temps pour notre métier », explique Paul Frappé, président du Collège de la Médecine Générale. Ce dernier a lancé ce mardi une campagne de sensibilisation autour des « certificats médicaux injustifiés », « illégaux » ou simplement « absurdes », qui « gaspillent » de temps médical. Leur but ? Les voir disparaître, pour gagner du précieux temps médical. « Il y a au moins un certificat ''absurde'' ou ''inutile'' par jour, voire plusieurs. Ce qui prend un temps conséquent dans un métier déjà en tension », déplore le docteur.
Même constat chez le vice-président, Cyril Bègue : « Ça peut facilement monter à trois certificats inutiles par jour… Entre 15 minutes et une heure la consultation, ça commence à faire beaucoup », notamment si on calcule à la semaine, ou surtout si on multiplie par le nombre de médecins généralistes en France : 55.000. « Dans le rush de rentrée, où il faut des certificats d’aptitudes, de sport pour les nouveaux licenciés, pour les entrées à l’école… Ça peut représenter jusqu’à 20 % de mon activité ! », compte de son côté Raphaël Dachicourt, médecin aux abords de Lille. Rebelote en hiver : « Avec les certificats pour des petites grippes, des enfants malades et virus de l’hiver, on est à nouveau sur un ratio de 15 % à 20 %. »
« Distinguer les certificats absurdes et ceux inutiles »
Si la France évolue sur certains points - depuis avril, le certificat médical n’est plus obligatoire pour s’inscrire à des courses par exemple –, chaque pas en avant semble succéder à trois pas en arrière. Depuis 2021, il est ainsi obligatoire d’obtenir un certificat médical d’aptitude à la vie en société - concept un peu flou n’est-il pas ? - pour envoyer son bambin en crèche. Certificat pas nécessaire si vous squeezez la crèche et qu’il commence directement en maternelle. « Imaginez les vrais services qu’on pourrait rendre », poursuit Raphaël Dachicourt.
« Il faut distinguer les certificats absurdes et les certificats inutiles », souligne Michaël Rochoy, médecin dans le . « Les seconds sont plus nombreux, et donc plus chronophages. » Exemple type : le parent qui vient parce que son enfant a une gastro et qu’il a besoin d’un certificat médical pour justifier le fait qu’il doit s’occuper d’un jeune estomac douloureux plutôt que d’aller au bureau. Dans la même veine, le grippé/covidé qui n’a besoin d’une absence que d’une journée.
Florilège d’absurdité
« Ce sont les certificats les plus pénibles puisqu’on n’a pas besoin de nous : le malade sait qu’il est malade et ce qu’il a à faire. Le plus souvent, du paracétamol et du repos », acquiesce Cyril Bègue. « Pour le patient, c’est paternaliste d’avoir besoin d’un avis extérieur pour des maladies aussi évidentes. Et notre métier se résume alors à être scribe : identifier quelque chose que le malade sait déjà », estime Michael Rochoy.
Ce cas l’offusque d’autant plus quand il s’agit d’entreprises qui ne rembourse pas les trois premiers jours de carence : « Que celles qui compensent financièrement souhaitent un certificat médical peut s’entendre, et encore… Mais si le patient n’est même pas remboursé, notre rôle peut se comparer à un mot d’excuse des parents pour justifier l’absence de leur enfant au lycée. Ce n’est franchement pas utile. »
Allez, on n’a pas pu s’empêcher de leur demander quel était le certificat le plus absurde jamais fait, et voilà nos deux lauréats. « Un certificat pour prouver que la personne avait le droit de boire de l’eau. Son employeur, dans une grande chaîne de restauration, lui interdisait une pause eau », pour Raphaël Dachicourt. Et chez Paul Frappé : « Un certificat d’aptitude pour qu’un enfant chante dans une chorale de son école. L’établissement organisait un opéra, et je devais lire toute la pièce afin d’attester que l’enfant n’était en danger dans aucune mise en scène. »