OM : « On était plus agités que les autres », comment le Commando Ultra est devenu LA référence SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Le bas du Virage Sud du va une nouvelle fois se parer de bleu et de blanc, ce samedi peu avant le coup d’envoi du match entre et (17 heures). Mais le spectacle s’annonce encore plus grandiose que d’habitude, le Commando Ultra, le pionnier des groupes ultras en France, va célébrer en grande pompe ses 40 ans.

Les couleurs du club, et du groupe de supporteurs, seront forcément mises à l’honneur, le nom du groupe aussi, ainsi que son symbole, la tête de mort et son bonnet de marin. Des animations devraient retracer ces quatre décennies à encourager l’OM et les surprises pourraient être nombreuses, toutes saupoudrées des indispensables fumigènes.

Collecte pour la première voile

Le fruit de centaines d’heures de travail pour les petites mains du Commando Ultra, qui se réunissent depuis le début de l’été du côté du parc Chanot, pour confectionner ce spectacle anniversaire. Un savoir-faire qui a forcément pris de l’épaisseur au fur et à mesure des années, près de 40 ans après la débrouille pour garnir leur zone de la première « voile » du groupe.

Cet ancien, présent en 1984 et toujours au Virage Sud, à la Vieille Garde du Commando Ultra, s’en souvient presque comme si c’était hier :

« « Pendant la saison 84/85, on a fait une collecte au stade avec des boîtes de chaussures pour faire une voile. Certains mettent 10 francs, d’autres 50, d’autres 5. On collectait aussi dans nos lycées, auprès de nos parents. Au final on a récolté 2.500 francs, et on est allé dans un atelier de couture du quartier des 5 Avenues, tenu par un Libanais. On lui a dit "qu’est-ce que tu peux nous faire à ce prix-là ?". Et il nous fait une grande voile bleue et blanche, qu’on a sortie pour la première fois au stade contre Paris. » »

Cela ne fait alors même pas une saison entière que cette bande de potes « plus agités que les autres » s’est installée dans le virage nord du Vélodrome pour encourager ses joueurs à coups de tambours et de drapeaux, et de quelques banderoles. A cette époque, les autres supporteurs qui payent un franc des coussins de paille pour venir s’asseoir en travée, écrivent même au président de l’époque, Jean Carrieu, pour s’inquiéter de « ces jeunes délinquants ». Ils se décalent alors en quart de virage nord ganay, aussi « pour gagner en visibilité, face aux caméras » et fondent le 31 août 1984, le Commando Ultra Curva Nord, en référence à l’un des plus gros groupes d’ultras en Italie, le Commando Ultra Curva Sud de l’AS Roma.

Les premiers supporteurs ultras dans le virage nord avant la création du groupe Commando Ultra le 31 aout 1984.  - VGCU84

Voyage d’étude en Italie

Parce que le groupe d’amis a déjà entrepris quelques voyages d’études en Italie, sous la houlette de Marco Valora, un Marseillais d’origine italienne supporteur de la Juventus. De l’autre côté de la frontière, le mouvement ultra existe déjà depuis une petite quinzaine d’années. « Pendant plusieurs semaines et mois, tous les jeunes prennent leur voiture pour aller à Turin, notamment voir le derby Juve - Torino. Moi je vais plutôt à Rome, Florence et Gênes. On découvre des choses incroyables dans ces tribunes, l’odeur des fumigènes, des pots de couleurs, des voiles qui recouvrent le virage en entier. On a l’impression d’être le tiers-monde à Marseille, on veut importer ce modèle ultra en l’adaptant », relate notre témoin présent depuis le début de l'aventure.

La première bâche est bricolée dans ce contexte à la fin de l’année 1984, « une bâche de plastique blanc avec du chatterton bleu pour écrire Commando ultra curva nord » dans le style de celle de Naples, avant d’être accrochée au grillage. Plusieurs seront ensuite « empruntées » à la Foire de Marseille, avant d’être repeintes pour le match suivant. Au fil des années la première voile évolue elle aussi. « Elle s’est agrandie et a pris de l’ampleur avec le mouvement. D’abord en taille, puis elle est devenue horizontale et on a ensuite rajouté les croix marseillaises et on y a cousu les lettres OM en plein milieu ». De quoi recouvrir la quasi-totalité de la tribune du Parc des Princes lors de la finale de la Coupe de France 1987 contre Bordeaux.

Des symboles qui évoluent avec le contexte

A cette période, les symboles du groupe évoluent en fonction du contexte autour des supporteurs ultras. D’abord compliqué avec le drame du Heysel lié aux affrontements entre hooligans, et un commissaire de police de Nice tente même de confisquer la bâche avec le nom Commando Ultra, qu’il relie, on ne sait pourquoi, au groupe terroriste communiste Action Directe. Pour jouer l’apaisement, le Commando Ultra devient les Ultra Marseille, et la main de Zeus avec un éclair pour rappeler les origines grecques de la ville remplace la fameuse tête de mort.

La première voile du Commando Ultra s'est aggrandie et se déploie désormais de façon horizontale lors de ce match entre l'OM et Toulon lors de la saison 85/86 . Le nom du groupe apparait, et la tête de mort évolue déjà. - VGCU84

L’arrivée de Bernard Tapie à la tête de l’OM en 1986, qui voit en ces supporteurs un atout pour le club, et les impressionnantes animations du Commando Ultra, qui commencent à intéresser les médias, finissent de détendre l’atmosphère. Le groupe s’installe définitivement dans le Virage Sud, d’abord dans la partie haute jusqu’en 1998, puis dans la partie basse jusqu’à aujourd’hui. Et c’est en 1992 qu’apparaît la tête de mort, restylisée avec un bonnet marin, le symbole du Commando Ultra encore présent aujourd’hui.

L’histoire continue

« La Commando Ultra occupe une place fondamentale, parce qu’au-delà d’être le doyen des groupes ultras français, il est toujours actif et représente un groupe important du panorama français. De par le nombre de membres, de par les scénographies qu’il réalise, de pas son soutien constant à l’OM et de par son attachement à cette culture très particulière qui est la culture ultra », rappelle Sébastien Louis, auteur du livre Ultras les autres protagonistes du football, et chercheur sur le milieu ultra.

La version finale de la première "voile" du Commando Ultra, avec les croix marseillaises sur les côtés et les lettres OM ajoutées au milieu, lors de la finale de Coupe de france entre l'OM et Bordeaux lors de la saison 86/87.  - VGCU84

Plus que d’avoir importé cette façon de supporter leur équipe, les fondateurs du Commando Ultra se réjouissent aujourd’hui de voir ce mouvement perdurer, et évoluer. « On est fier et heureux de voir qu’aujourd’hui des milliers de jeunes de Marseille perpétuent cette passion initiée en 1984. Tout n’est pas parfait, nous aussi on avait des défauts, mais le mouvement existe toujours, et de le voir être célébré ainsi c’est la plus belle des récompenses. Si, quand on a créé le Commando Ultra, on nous avait dit qu’en 2024, on entendrait des "les Ultras c’est le feu"… », savoure le membre de la Vieille Garde, bien conscient d’avoir vécu une « époque bénie » : « Pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est plus dur que pour nous de vivre leur passion ultra, avec la répression dont ils sont victimes avec les interdictions de stades, les comparutions immédiates pour des torches et les interdictions de déplacement. » Le contexte n’est plus le même, mais l’histoire continue.


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