Mondial de futsal : « On a cravaché pour se construire », le sélectionneur des Bleus prêt pour un jour historiqueSportuneBébés et MamansMinutes Maison
de dispute ce vendredi, en Ouzbékistan, le premier huitième de finale de de son histoire, face à la Thaïlande (14h30). Les Bleus ont mis de côté pour se concentrer uniquement sur ce match historique, et montrer de quoi ils sont capables face à un adversaire redoutable. Le sélectionneur, Raphaël Raynaud, revient pour 20 Minutes sur tout le chemin parcouru pour en arriver là, et les bénéfices qu’un tel parcours pourrait offrir à son sport.
Comment se sont passés ces derniers jours de préparation avant le premier huitième de finale de votre histoire ?
Dans la sérénité. Comme on est qualifié pour les huitièmes de finale depuis un petit moment [depuis la victoire 7-3 contre le Venezuela lors du deuxième match de poule], on est assez serein. On a à cœur de faire une bonne performance donc on s’est bien préparé mais dans la sérénité et avec un certain détachement par rapport à cet événement.
Il doit quand même y avoir un peu de pression avant ce match historique ?
Il y a de la pression évidemment, c’est compliqué. Mais comme pour le premier match contre le Guatemala, le premier match en Coupe du monde de l’histoire de la sélection, puis contre le Venezuela pour aller chercher la qualification. La pression est là parce qu’on a envie d’avancer et de s’offrir encore un peu de temps dans cette compétition. Mais on reste très orienté sur le projet de jeu, comme depuis le début. C’est ce qui nous guide depuis trois saisons, donc on a orienté nos séances sur ça.
Comment vivez-vous, vous et votre groupe toutes ces premières fois ?
On le vit évidemment très bien parce que le groupe sait d’où il vient, le travail qui a été fait. C’est une jeune équipe de France, née en 1997. Mes joueurs ont dû cravacher dur avant de pouvoir vivre du futsal, ils étaient chauffeur de bus, vendeur, VTC. Donc être là, dans une Coupe du monde, avec ce que ça peut représenter, les équipes phares qu’on croise à l’hôtel, ce n’est que du bonheur.
Comment envisagez-vous ce match contre la Thaïlande ?
La Thaïlande est une équipe redoutable. Pas très puissante, mais capable d’alterner le pressing et de faire attendre les équipes plus bas. Ils se nourrissent de vos erreurs, avec une récupération basse, c’est une équipe très compliquée à joueur. Ce n’est pas pour rien que plusieurs nations s’y sont cassé les dents. Ils sont neuvièmes mondiaux et sortent d’une finale de coupe d’Asie. Et ils ont Muhammad Osamanmusa, la vedette de l’équipe qui joue en Espagne. Ils allient le joueur d’exception, la stratégie et la culture du jeu. C’est un pays qui vit et qui joue au futsal à longueur de temps.
Les imaginez-vous revanchards après la polémique de la semaine, ou au contraire, cela va vous donner de la force ?
Non la polémique, on la met de côté. Je ne sais pas à quel point le coach de la Thaïlande joue sur l’intox. Parce qu’il a déjà mis en difficulté les organisateurs ouzbeks sur la qualité de leurs salles au début du tournoi, alors qu’ils font le maximum. On n’en parle pas avec le groupe, on est totalement focus sur le jeu. Un de vos confrères m’a demandé si j’allais accrocher son portrait dans le vestiaire, tout ce qu’on affichera ce sont nos combinaisons de jeu.
vous n’aviez pas forcément fait de cette coupe du monde un objectif, C’est déjà une énorme surprise pour vous de voir l’équipe à ce niveau ?
On est très clairement en avance sur notre tableau de marche. Quand j’ai repris l’équipe il y a trois saisons, jamais je n’aurais imaginé qu’on jouerait cette Coupe du monde, encore moins qu’on serait en huitième de finale. Aujourd’hui ça paraît normal parce qu’on a eu des bons résultats, on a enchaîné les bonnes performances. Mais on revient de très loin, cette épopée c’est d’abord une aventure pour se retrouver autour du projet de jeu, notre idée commune.
En quoi est-il si important, ce projet de jeu ?
Ça nous donne un avantage, un supplément d’âme. On l’a mis en place autour des prises d’initiative individuelles, sur le fait de se faire confiance et d’accepter les erreurs des partenaires. Parce que ça colle avec les caractéristiques du joueur de futsal français. Qui est très inspiré, prend des initiatives. Donc on a voulu libérer les velléités de chacun dans un cadre commun, qui se retrouve dans notre idée de jeu.
Comment s’explique ce déficit des résultats pour l’équipe de France de futsal ?
Encore une fois, on est une nation jeune, avec une équipe née en 1997. On a choisi de grandir avec nos armes et nos forces, contrairement à certains pays qui ont préféré naturaliser des Brésiliens et ont donc grandi artificiellement. Nous, on s’est construit petit à petit, aussi grâce à mon prédécesseur Pierre Jacky, qui a travaillé sur la croissance de cette équipe de futsal et ça prend du temps de former les éducateurs, notamment. On a aussi créé l’équipe de France U21 il y a treize ans et il faut du temps, mais aujourd’hui la quasi-totalité de mon groupe a fait ses armes dans cette équipe de jeune. Les autres nations avaient de l’avance, donc on a cravaché pour se construire.
Aujourd’hui, de telles performances vont mettre un bon coup de projecteur sur votre sport…
Evidemment, tout est lié. L’équipe de France n’avait pas trop de résultats, donc la médiatisation était peu présente, là on rentre dans un cercle vertueux. Le futsal est un sport plébiscité par les jeunes, c’est le premier sport scolaire chez les jeunes. Il y a de la demande en matière de spectacle, et de pratique et le nombre de licenciés augmente chaque saison. Le fait que l’équipe de France soit présente à ce niveau va permettre de franchir encore un cap en matière de développement et de dynamique. Les clubs grandissent aussi, on va tous profiter ensemble ; Plein de voyants sont au vert.