Equipe de France : Mais qu’est-ce qui a pu pousser Antoine Griezmann à dire adieu aux Bleus ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
On peut dire ce qu’on veut sur l’usure physique et mentale, après toutes ces années au service de l’équipe de France, laisse un goût un peu bizarre dans la bouche. Comment cet amoureux fou des Bleus a pu se résoudre à tourner la page, si près d’un record de sélections et plus si loin d’une Coupe du monde aux Etats-Unis qui le faisait rêver, lui, le ? Il faut y voir une lassitude qui s’est installée lentement, on pourrait dire insidieusement, au fil de deux dernières années passées à voir son statut s’effriter, et pas seulement sur le terrain.
A bien y réfléchir, la nouvelle est peut-être moins surprenante que son annonce en elle-même. Ce n’est pas pour rien qu’un ancien proche des Bleus évoque auprès de 20 Minutes « trop de questions et de non-dits » concernant le départ de celui qui aura joué 137 matchs avec , pour 44 buts et 30 passes décisives, un record. Les prémices de cette fin en eau de boudin remontent sans doute à l’année 2022. En arrivant au Qatar pour la Coupe du monde, Antoine Griezmann n’a plus le même rôle que celui de taulier offensif et assumé lors du sacre mondial de 2018.
Le numéro 7 Français n’est plus aussi influent depuis le retour en sélection de , au point de voir sa place être remise en question. Mais alors que l’attaquant du Real Madrid est finalement forfait sur blessure, Didier Deschamps s’interroge toujours sur le meilleur schéma à adopter. Alors le meneur de jeu s’adapte et avec une abnégation et un sens du collectif qui y seront pour beaucoup dans le parcours des Bleus jusqu’en finale.
L’affaire du capitanat
Au four et au moulin, il revit lors de cette compétition, au cours de laquelle il ne marque pas le moindre but (contre 4 en 2018) mais délivre trois passes décisives (contre 2 en 2022). Déjà reclassé pour le bien de l’équipe, il va vivre une grosse désillusion après la Coupe du monde. Hugo Lloris parti, se décide deux mois plus tard à annoncer le nom de son nouveau capitaine : à la surprise générale, ce ne sera pas lui, mais Kylian Mbappé. Un coup dur pour celui qui incarne le visage des Bleus depuis 2014, et qui rêvait de porter le brassard pour son pays.
« C’était compliqué, avait-il reconnu dans une en juin 2023. Même si j’ai encore les cannes, je suis quand même sur la fin. pendant un ou deux jours. Mais quand je suis sur le terrain, je suis heureux, c’est ce qui m’importe le plus. Maintenant, je suis à fond avec Kylian qui est notre capitaine. Je ne vais rien changer, parce que je suis comme ça. »
Des « incompréhensions » avec Mbappé
, Griezmann opte pour une teinture rose du plus bel effet au printemps 2023 pour son retour en sélection. Face aux Pays-Bas, il inscrit le premier but des Bleus post-Mondial sur une passe du nouveau capitaine. L’accolade entre les deux hommes enterre la petite musique du conflit naissant. Sauf qu’il s’agit en réalité de la dernière passe décisive de Mbappé pour Griezmann, qui ne marquera plus qu’une fois en sélection, sur penalty, face à l’Allemagne en septembre 2023. Avec cette impression que les deux superstars de l’équipe de France n’ont jamais vraiment réussi à collaborer depuis l’éclosion de Mbappé lors du Mondial 2018.
« Notre relation est top. Au départ, elle était un peu dans le flou. Je suis arrivé en sélection comme un ouragan, lui était la star de l’équipe. Il a fallu le temps de trouver nos places et de respecter l’espace de l’autre, disait Mbappé avant le dernier Euro. Il y a parfois eu des incompréhensions, mais, avec le temps, l’expérience et la sagesse, chacun a trouvé son rôle. »
Reste que Griezmann, s’il est du genre à s’entendre avec tout le monde – il n’y a qu’à voir les messages des Bleus depuis son annonce – perd ensuite ses grands potes du vestiaire un à un. et ont tourné la page sur le titre de vice-champion du monde, puis est suspendu pour dopage. C’est enfin qui s’en va, après un Euro qui n’aura correspondu en rien aux attentes du joueur de l’Atlético.
Une pierre dans le jardin de DD après l’Euro
Car à l’image des mois qui ont précédé la compétition, il a encore été trimballé un peu partout, parfois au milieu, parfois dans une attaque à trois qui ne lui a jamais réussi, parfois en numéro 10 dans un milieu en losange… jusqu’à cette mise sur le banc de touche pour la demi-finale face à l’Espagne. Il y a quelques semaines, au moment de la rentrée des Bleus, il était revenu sur cet été difficile dans « Téléfoot » :
« Ça a été compliqué, parce qu’il y a eu beaucoup de changements de positions, beaucoup de changements tactiques. Ce qui était agaçant, c’était contre l’Espagne et la Pologne, où je n’ai pas joué. Après, ce sont des choix tactiques, il faut les respecter même si tu es en colère, triste ou énervé, c’est l’équipe avant tout. J’ai essayé de m’adapter, mais ça n’a pas été ma meilleure compète. Après l’Espagne, il y avait beaucoup de frustration, de colère, de tristesse, je ne me suis jamais senti au cœur du jeu comme j’aime. » »
Difficile de ne pas y voir un lien distendu avec son sélectionneur, dont il a, de l’aveu même de ce dernier. « Antoine est un gagneur, et je pense que les dernières sorties de l’équipe de France ont été moins à son goût, estime Sébastien Bellencontre. Il doit y avoir ça aussi dans sa décision, le fait de prendre un peu moins de plaisir. »
Bellencontre, patron de l’agence 4Success, a accompagné Griezmann dans la gestion de son image jusqu’en 2018. S’il n’est pas dans le secret des dieux, il connaît quand même bien son Grizou, avec qui il est toujours en contact. « Surpris, mais surtout triste » d’apprendre la retraite internationale de son ancien protégé, il voit dans ce choix la volonté de « prendre les devants ».
« Presque comme un vieux couple »
« Je pense qu’il a voulu choisir le moment où il allait partir et non pas le subir, poursuit-il. Parfois, le lien se distend de lui-même, avec l’usure du temps. Ils avaient une relation tellement forte avec le sélectionneur qu’au bout d’un moment, quand les résultats sont moins présents, c’est presque comme un vieux couple qui se met à avoir des soucis et qui ne sait peut-être plus comment communiquer, comment les régler. J’imagine que ça a dû peser dans sa décision, mais au-delà de ça, il y a vraiment la volonté de rester maître de sa carrière et de sa vie. »
Sébastien Bellencontre n’a aujourd’hui qu’un vœu, que la Fédération organise à Griezmann la sortie qu’il mérite. Que ce soit en novembre, lors des prochains matchs à la maison des Bleus, ou dans quelques mois. « Il a tellement aimé cette équipe, et il lui a apporté tellement, souffle-t-il. C’est quand même un des meilleurs joueurs d’histoire de l’équipe de France. » Il n’est pas le seul à le penser, ni à souhaiter une fin autre un lundi matin pluvieux de fin septembre.