Jeux paralympiques : « Tous les coups sont permis »… La chandelle rétro, technique de « schlaguos » ou coup de génie ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

De notre envoyé spécial au royaume de la chandelle,

Faire un petit reportage sur un geste technique au para tennis de table, sur le papier, c’est plutôt sympa. En revanche, débarquer dans la salle, y passer une bonne partie de la matinée et ne pas voir une seule fois le « trick » en question, ça, ça la fout mal. Mais c’est la vie de poissard qu’on a choisi de mener.

Samedi matin, donc, armé de la plus belle volonté, nous voilà parti en quête de la chandelle rétro, LE coup fatal dans certaines catégories de handicap, notamment la 1 et la 2, réservée aux athlètes paraplégiques en fauteuil roulant. Mais avant de comprendre pourquoi dans ces deux classes et pas dans les autres, mettons des mots sur le geste. Alors, une chandelle rétro, c’est quoi Jamy ? Hé bien c’est une chandelle, déjà, comme son nom l’indique, tapée de telle manière que la balle retombe juste devant le filet adverse avant de revenir dans son propre camp grâce à un effet rétro bien senti.

« C’est une chose que je travaille et je dois dire que c’est assez jouissif quand on le réussit », nous disait Fabien Lamirault en début de Jeux du côté du Club France. S’il lui arrive d’user de ce coup, à force de boulot à l’entraînement, le para pongiste français en est aussi souvent victime. « J’ai énormément d’adversaires qui utilisent souvent cette technique et je peux vous dire qu’on se pète les côtes à essayer d’aller chercher les balles, admet-il. Mais quand c’est fait très près du filet, c’est quasi impossible et ça fait point automatiquement pour l’autre. »

« On voit principalement ça en classes 1 et 2, chez les tétraplégiques, car ils n’ont pas beaucoup d’abdominaux, voire pas du tout, donc le mouvement pour se pencher en avant et essayer d’être proche du filet est très compliqué à faire, pour ne pas dire impossible pour certains », décrypte Roza Soposki, manageuse de la Performance en tennis de Table à la Fédération Française de Handisport. On aurait bien aimé voir à quoi ça ressemblait en vrai de vrai, de nos propres yeux, mais la scoumoune, tu connais.

Quand les profanes jouent les ronchons

Pas trace donc de la réaction du public qui, la veille, s’était permis selon notre confrère du de siffler celles et ceux qui osaient la « crêpe », l’autre nom de la chandelle qu’on utilise dans le sud de la France. « Ça fait totalement partie de la perf' en para , poursuit Soposki. Il faut jouer sur le handicap de l’adversaire. C’est comme en valide, si Félix Lebrun joue un adversaire moins à l’aise en court coup droit, il va aller le chercher là-dessus, c’est normal. »

Charge aux athlètes de se débrouiller pour ne pas donner le bâton pour se faire dégommer. « Mon principal adversaire, le petit Polonais, il en use et en abuse, sourit Fabien Lamirault. A moi de ne pas lui donner les balles pour le faire. C’est très stratégique, il faut bien connaître son adversaire pour savoir sur quel type de balles il va le faire et sur lesquels il sera moins à l’aise, et il faut jouer avec ça tout au long du match. »

« Il y a une règle d’adaptation au tennis de table, c’est le service. Et on considère qu’à partir du moment où on a ramené le service, tous les coups sont permis. Pour nous, ce n’est ni de l’antijeu ni de la triche. C’est un coup technique, rien de plus. Il faut se servir de toutes les armes qu’on a à notre disposition. Au contraire, c’est un beau geste technique très dur et très risqué », nous explique Sylvain Noël, engagé dans ces en classe 3, que l’on a croisé dans les couloirs de l’Arena Paris Sud.

La pédagogie pour éduquer les novices

« Pour les non initiés - même dans ma famille au début ils disaient “oh ce n’est pas très fair-play” - ça peut surprendre mais, pour nous, un point c’est un point. On ne fait pas dans le social et peu importe si l’adversaire ne touche pas la balle parce qu’on a réussi notre coup », se défend Lamirault. Ça nous fait un peu penser à ces casse-bonbons du court Philippe-Chatrier, à Roland-Garros, à deux doigts de sortir les mouchoirs blancs et de réclamer la déchéance de nationalité à celles et ceux qui tentent des services à la cuillère au tennis.

La chandelle est au para tennis de table ce que la panenka est au football, un geste un peu pervers, c’est vrai, mais tellement beau et jouissif quand il est bien réalisé. Pourquoi se priverait-on d’un peu de bonheur dans ce monde déjà suffisamment déprimant comme ça ? Passé des valides aux paras après un accident, Sylvain Noël est plus magnanime que nous.

« Je comprends que ça puisse surprendre les néophytes, dit-il. Ça a été mon cas, je viens du ping valide et je dois avouer que j’étais assez surpris de voir ça au départ. Mais j’ai appris à l’accepter et c’est normal aujourd’hui. » « Nous, en tant que connaisseur, on sait que c’est un point fondamental, confie Marius, du club de tennis de table (valide) de l’AMO Mer TT, dans le Val-de-Loir. Après, que les gens qui connaissent moins le para tennis de table sifflent, on peut le comprendre, ce n’est pas bien méchant. Avec le temps ils apprendront, on va leur expliquer, et à la fin des Jeux il n’y aura plus de sifflets. » Que les spectateurs du Chatrier en prennent de la graine.

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